Je ne lisais jamais le Figaro mais je crois que je manque vraiment quelque chose. Etienne Mougeotte est encore plus qu'à TF1 dégoulinant d'hypocrisie.
Que messieurs les assassins commencent
On admire déjà le titre, toute en nuance (citation du journaliste Alphonse Karr).
Cet amateur du Couperet feint bien sûr de ne pas se rendre compte que cette phrase (refusant le "désarmement unilatéral de la société" contre les assassins) implique qu'au-delà de cette loi inutile c'est donc bien la peine de mort dont il n'ose franchement réclamer le retour. Il jouera les étonnés et parlera de procès d'intention s'il se sert d'une phrase pro-Guillotine pour défendre la rétention de sûreté.
Il y a, à n'en pas douter, matière à controverses sur certaines initiatives récentes du chef de l'État sur la Shoah, la laïcité ou les sectes.
Controverses qu'on ne trouverait guère dans le Figaro.
Mais on reste confondu devant le procès en sorcellerie intenté à Nicolas Sarkozy pour avoir demandé à la Cour de cassation, dans un souci de protection des victimes, de lui faire des propositions pour permettre une application immédiate de la loi sur la rétention de sûreté.
Les députés et les sénateurs ont voté un texte qui autorise le placement, dans des centres médico-socio-judiciaires, de criminels dangereux condamnés à plus de quinze ans de prison à l'issue de leur peine et pour une durée indéfiniment renouvelable.
Le Conseil constitutionnel a validé la mesure, mais, en appliquant, sans le dire, le principe de non-rétroactivité des lois, il empêche l'application effective du texte à ceux qui ont été condamnés jusqu'à aujourd'hui.
La non-rétroactivité des lois plus sévères est une base de notre droit. Le Conseil constitutionnel a donc eu le mauvais goût de mettre le respect de notre droit au-dessus des caprices infantiles de notre majorité démagogique, toujours à la poursuite d'une ambulance ou d'un cercueil à exploiter. C'est en effet facheux.
S'étonner ensuite que le Président bafoue les lois, piétine notre République, détruise les principes, ce serait vraiment lui faire un "procès en sorcellerie".
Cette décision du Conseil a pour effet pratique de reporter au plus tôt dans quinze ans la rétention de sûreté, lorsque les criminels les plus dangereux aujourd'hui pourront être libérés à l'issue de l'exécution de leur peine. Et les autres ! Ceux qui, dans les mois ou les années qui viennent, vont sortir, alors qu'ils sont des récidivistes en puissance et ne s'en cachent pas.
La République a su survivre pendant quelques temps sans cette loi. Les rues n'étaient pas exactement à feu et à sang avant la promulgation. On peut penser qu'elle s'en passerait donc bien jusqu'à ce qu'il soit légal qu'elle le fasse. C'est assez curieux d'esprit d'urgence et de contradiction : nous inventons une nouvelle loi vaine mais toute la civilisation s'effondrerait sans doute si on n'avait pas le droit de faire passer l'innovation de manière illégale. C'est une droite révolutionnaire, plus des "réformes".
Au contraire, l'argument se retourne. La majorité reactionary (au sens anglais du faux ami, de "réagissant sur le moment, sans aucune initiative ou planification"), aussi impulsive et improvisée que leur Chef névrosé, a lancé un projet stupide en contre-coup d'un crime épouvantable. Mais on découvre qu'ils ficellent tellement mal leur loi qu'elle s'appliquerait au mieux en 2023. Voilà le contraste entre les caprices momentanés de l'opinion publique et le moyen terme des lois et des vies humaines. On dit vouloir agir dans l'urgence et on lance confusément un piège qui n'exploserait que quinze ans après.
Le président de la République, gardien de la Constitution, mais également en charge de la protection de nos concitoyens, a légitimement appliqué le principe de réalité et saisi la Cour de cassation pour trouver les moyens de protéger la société contre quelques dizaines d'individus prêts à violer, torturer et souvent tuer à leur sortie de prison.
Le principe de "réalité" au-dessus de la loi. Voilà où en est la droite française, à violer la constitution en se drapant dans ce qu'elle appelle le principe de réalité, terme habile pour l'angoisse, pour le petit tas de peurs et de névroses dont elle veut jouer et dont elle tombe parfois malgré elle victime, auto-intoxiquée par son poison, effrayée par son propre discours terrorisant.
Il a fallu quelques heures à la cohorte des déontologues pour déclencher un tir de barrage : contournement d'une décision du Conseil constitutionnel, mise en cause de la séparation des pouvoirs, atteinte à l'État de droit ! Voici ce qui est reproché à Nicolas Sarkozy, alors qu'il a tout simplement, comme il en a le devoir, recherché les moyens de protéger les Français contre ceux qui sont atteints de graves dérèglements de la personnalité et qui peuvent à tout instant passer à l'acte.
On ignorait que le Conseil constitutionnel était composé d'individus "atteints de graves dérèglements de la personnalité et qui peuvent à tout instant passer à l'acte".
Robert Badinter, mieux inspiré lorsqu'il présidait avec une grande hauteur de vue le Conseil constitutionnel, dénonce une période sombre pour la justice. On a envie de lui répondre que c'est plutôt une période de dérèglement de l'esprit public quand on cherche à opposer les grands principes du droit à la sécurité légitime des Français.
Oh, oui, Badinter, vous l'aimez tellement que de manière ignoble, vous prenez un titre en faveur de la peine de mort. Vous aimez tant les idées de gauche tant que vous pouvez les enterrer.
Une démocratie repose sur l'État de droit, mais le premier des droits du citoyen ordinaire est d'être protégé des psychopathes et des déviants. L'État de droit s'impose à tous ; que messieurs les assassins commencent.
Voilà la nouvelle hiérarchie hobbesienne qui vient servir à détruire l'État de droit. Des mesures contre des risques potentiels doivent autoriser qu'on s'assoie sur notre République. Nos droits ont moins d'importance que ce qui peut être expédient et commode pour un ancien avocat devenu démagogue en chef de la culture victimaire.
Et que veut dire ce dernier usage subliminal immonde ? Que les psychotiques devraient d'abord voter une mesure de non-rétroactivité avant qu'on n'applique le droit à des personnes humaines ? Qu'ils devraient eux aussi avoir saisi la Cour de cassation avant le Président ?
Mais en fait, je n'aurais qu'un seul commentaire, pour citer notre Président :
Pauvre con.
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