dimanche 7 avril 2024

3 x Ulysse

 Pièce de Claude Galéa, mise en scène de L. Guédon, au théâtre du Vieux Colombier jusqu'au 8 mai 2024. 

Que faire des mythes sans les momifier et sans les instrumentaliser pour nos discussions banales ? 

Ce sont trois femmes qui parlent à Ulysse, surtout pour se plaindre : Hécube pour le maudire d'être un pillard, Calypso pour lui reprocher son ingratitude et enfin Pénélope qui ne se plaint pas de lui mais plutôt du temps qu'elle a dû affronter aussi seule. Hécube ne peut qu'être hystérique dans sa peine mais elle semble être une mauvaise conscience en tant que survivante de toutes ses victimes. Calypso est plus passive que Circé qui aurait peut-être pu plus parler d'égale à égale (mais qui aurait été aussi plus convenue). 

Les trois femmes parlent à trois acteurs différents mais je n'ai pas vu d'évolution majeure entre les trois désarrois des Ulysse. 

Je ne sais pas ce que peut produire le langage dramatique dans la prose "poétique" mais c'est surtout ici des stances qui répètent des synonymes ou des idées fixes. Le vers permettait au langage de tenir tout seul et là il ne reste qu'un contraste entre le prétexte du mythe et notre discours anachronique de nos préoccupations (elles lui reprochent de ne pas pouvoir montrer de la sororité et c'est peu dire comme il est avant tout un solitaire tourné vers lui-même). 

Que lui reprochent-elles vraiment ? De ne pas aimer ? De vivre comme une persistance dans son être qui va toujours prétendre revenir mais qui va continuer à fuir ? Elles ont bien compris son ambiguïté et il s'en défend très mal, ce qui fait qu'on manque de dialogue. J'aurais aimé des voix plus divergentes. 

La mise en scène utilise des chansons de différentes époques pour le Choeur et ce sont donc ces diverses parties musicales un peu hors sujet qu'on retient presque plus. 


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