Certes, HG Wells avait été socialiste (et fut même un triste cas de naïf stalinien) et cela a pu créer un biais sur ce qu'était la science fiction. Certains auteurs américains comme les Futurians (l'éditeur marxiste Wollheim, Frederick Pohl) furent communistes puis trotskyistes (dans cette veine, il y a toujours Steven Brust ou Ken McLeod), et Isaac Asimov, qui fut assez "progressiste" en dehors de son sexisme, avaient été de gauche. Ursula Le Guin fut l'une des rares à commencer en sf une critique interne à l'anarchisme sur les dystopies socialistes. Iain Banks fut aussi un anarchiste qui ne tomba pas dans le "libertarianisme" de tant d'écrivains américains. David Brin est connu pour avoir défendu la thèse discutable que la sf serait plus essentiellement de gauche que la fantasy car elle présupposerait plus qu'un contexte technologique peut transformer la nature et l'humanité (alors que la fantasy serait plus anti-moderne, plus liée à une priorité d'une nature originelle). J'ai l'impression que Kim Stanley Robinson a encore un humanisme progressiste et Greg Egan (qui est un technophile très anti-religieux) s'est engagé dans la critique de la droite australienne.
Mais sans remonter aux Pulps avec des auteurs fascisants comme Burroughs ou Lovecraft, on a souvent des quiproquos sur des écrivains de SF américains dont on ne perçoit pas bien les opinions. Les Hippies firent des contre-sens de lecture sur Heinlein ou sur Herbert. Robert Heinlein fut libertarien et militariste. Poul Anderson (qui est l'un de mes écrivains préférés) devint de plus en plus archi-conservateur (même s'il dit avoir été très à gauche dans sa jeunesse). Frank Herbert, Républicain, explique que pour lui les mauvais côtés de Paul Atréides sont ceux de personnes dangereuses comme Mao "ou comme JFK". Philip K. Dick est glorifié comme un paranoïaque gnostique mais il écrivait aussi des lettres au FBI pour dénoncer ses camarades de gauche. Ray Bradbury a expliqué que Fahrenheit 451 visait plus la Rectitude Politique de gauche qu'un auto da fe de droite. Larry Niven, Reaganien enthousiaste, écrivit des articles où il conseillait de faire croire aux Hispaniques que les hôpitaux volaient les organes pour qu'ils n'y aillent plus. Jerry Pournelle était un conservateur catholique. Gene Wolfe (qui fut peut-être un des plus cultivé des auteurs de sf récent) était aussi un conservateur classique. Orson Scott Card prétend être un "démocrate conservateur" mais il est aussi un Mormon un peu obsédé par une vision morale homophobe.
Pour quitter la sf anglophone, on sait que René Barjavel fut vichyssois vichyste. Liu Ciuxin a l'air de cautionner une instrumentalisation nationaliste de son cycle des Trois Corps, comme tous les personnages qui choisissent des convictions humanistes et démocratiques universelles sont toujours des naïfs auto-destructeurs, voire des nihilistes suicidaires, et où les seuls personnages rationnels et réalistes sont ceux qui sont prêts à prendre une position "darwinienne" génocidaire s'il le faut.
2 commentaires:
> on sait que René Barjavel fut vichyssois
Dans les années '30.
Mais c'est un point qu'il partage avec plus de 25.000 de nos contemporains, et si le maire est certes de droite, j'ai du mal à voir en quoi tous ses administrés le seraient aussi.
Mais peut-être voulais tu dire vichyste ? ;-)
:)
Oui, j'aurais dû dire "pétainiste", plus simplement.
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