La semaine dernière France 2 passait Les Temps changent, un docu-fiction d'anticipation-catastrophe sur le réchauffement climatique tellement mélodramatique, mal joué, lourd et raté qu'on aurait eu envie de rejoindre le lobby du CO2 (je n'en ai vu que deux minutes).
Mais je dois reconnaître que j'aime bien le téléfilm de ce soir La Reine et le Cardinal, même si le roman à l'eau de rose sentimental entre les deux personnages étouffe un peu tout, et que leur passion a quelque chose de gnangnan. Même les scènes de sexe, qui ont l'air espacées comme une mécanique d'écriture de série, sonnent faux.
Un autre détail décevant est de suivre seulement un homme du peuple sans intérêt comme seul représentant de l'Opinion (il y avait le même problème dans la série Rome avec les deux personnages de légionnaires qui devaient symboliser à eux-seuls toute la plèbe).
Mais une grande supériorité sur certaines séries comme les Tudors est que tous les personnages principaux ne sont pas inutilement embellis et hollywoodisés - exceptées les femmes peut-être.
Le film commence en 1642 à la mort de Richelieu (Rufus), qui donne Jules Mazarin (Philippe Torreton) à Louis XIII et Anne d'Autriche (Alessandra Martines). Très vite, le film se concentre après la mort de Louis XIII sur la séduction de la Régente par le Cardinal, joué sans aucun accent italien.
Un détail amusant est qu'un des points de vue un peu narquois et frondeur au début est "Monsieur le Co-adjuteur" (le jeune Cardinal de Retz, joué par Nicolas Vaude), qui rejoint ensuite la Fronde. Il ironise sur les origines italiennes de Mazarin alors que son propre grand-oncle Albert de Gondi était florentin.
Les meilleures scènes me paraissent être plus les intrigues politiques au Louvre que les dialogues personnels, même si cela manque souvent de suspense à force de succession rapide. Une des premières est la "Cabale des Importants". Après la mort de Louis XIII, Mazarin commence à s'allier avec les Condé dont Charlotte de Montmorency contre la Duchesse de Chevreuse (la séduisante Charley Fouquet) qui voulait faire nommer comme Premier ministre Chateauneuf (qui avait présidé à l'exécution dix ans avant de Henri de Montmorency, père de Charlotte et donc grand-père des princes Condé).
On passe très vite de cette crise de 1643 à la Fronde du Parlement et l'arrestation de Pierre Broussel (Jean-Louis Foulquier) en 1648.
Les choses s'inversent et ce sont bientôt les Condé - avec d'abord et surtout la duchesse de Longueville (la très jolie Audrey Fleurot, alliée au Cardinal de Retz) - qui vont incarner la Fronde des Princes. Son petit-frère, le Grand Condé (joué par Rudy Rosenberg), le vainqueur de Rocroi (1643) commence par s'opposer à sa soeur et défendre Mazarin, avant de rejoindre sa Maison, Longueville et Conti. La scène où Condé se dispute avec Mazarin sur ses réclamations (il veut un poste pour La Rochefoucauld, l'amant de la duchesse de Longueville) est une des rares où il y a un peu de tension lorsqu'il menace Mazarin de son épée. En revanche, le siège de Paris de l'hiver 1649 est presque éclipsé.
Le premier épisode se termine lorsque la Reine Anne feint de disgrâcier Mazarin et de reprendre le Co-adjuteur de Gondi pour mettre fin à la Fronde des Princes.
Add. La deuxième époque est moins intéressante et la musique sirupeuse m'a plus embarrassé qu'hier. La fin des Condé est mal expédiée (en fait, je crois que j'aimais bien la Longueville parce qu'elle fait penser à Cersei Lannister dans Song of Ice and Fire, sauf qu'elle aime plus son frère difforme Conti que son frère glorieux Condé) et ensuite l'histoire se concentre sur les Mazarinettes et on s'ennuie profond. Si, il y a bien un petit Rosebud avec Louis XIV avouant ensuite qu'il continue d'aimer Marie Mazzini (alors qu'en réalité il l'a exilée après l'affaire des poisons).
Un détail : quand vous tournez des scènes de rues et de foule, ne dites pas au figurants : "errez en hésitant, avec un air hagard et gêné comme si vous ne saviez pas où aller".
En revanche, le film a réussi à détruire mon manichéisme sur les malversations financières de Mazarin. Je commence à croire à son honnêteté malgré tous ces pots de vin. Je devrais tenter de surmonter mon conditionnement (qui doit venir au moins de l'école de la IIIe République) et moins détester Louis XIV mais je n'y arrive pas. Le film en donne une version idéalisée comme une réussite pédagogique de Mazarin ("un Roi n'a pas de passion", oui, chacun sait que Louis le Grand fut un modèle de rationalité) alors que j'y verrais presque un autre Néron intempérant formé par un Sénèque.
[Let’s Study] The Electric State the Roleplaying Game, Part 4c: Vehicles
and Gear
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Il y a 1 heure
4 commentaires:
Alors la Fronde c'est que des gentillettes intrigues de cour, quoi ? Reugneugneu, grrr.
Le jour où quelqu'un comprend quoi que ce soit à la Fronde, cela dit, je prends :-)
Mais c'est normal qu'un téléfilm sentimental d'alcôve sur les relations de la Reine et du Ministre, très théâtral, se concentre sur des intrigues très personnalisées.
Ils ne simplifient d'ailleurs peut-être pas assez. J'étais un peu largué parce que je confondais physiquement Longueville et Chevreuse au début. L'ennui est que Longueville, malgré des dialogues de Grande Méchante de Mélodrame, fait un peu d'ombre aux personnages principaux, même Mazarin, malin mais trop calme pour intéresser vraiment.
Il y a quelques décors en images de synthèse mais en gros, cela pourrait être du théâtre filmé comme sous l'ORTF, avec des dialogues moins bons que la première version des Rois maudits mais de zolis costumes.
J'aurais bien aimé un film sur le Grand Condé, plus cinématographique peut-être dans son côté "Coriolan" hésitant entre les devoirs des Grands et l'honneur de sa Maison.
Mais on a déjà une intéressante bataille de Rocroi vue par les tercios espagnols à la fin du très bon (mais sinistre) film de cape et d'épée Alatriste.
Sur la Fronde, j'avais adoré Louis enfant roi de Planchon. Louis XIV désastreux, mais tout le reste, acteurs, actrices (Anne d'Autriche, Carmen Maura :)), scénario, dialogues, mise en scène... excellents. Je recommande, comme on dit sur Eb*y.
J'ai abandonné au bout de 10 mn de la seconde partie pour voir Day Break sur la 4. La première partie que j'ai vu en entier avait le mérite de rendre assez clair les différentes forces (et les revirements) en présence au cours de la Fronde. Pour le reste je partage votre analyse (le vendeur de marionnette comme forme platonicienne du peuple était assez pitoyable).
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