Les Zwercs et les Aulnes
Contrairement aux Humains mortels (soumis à l'Oubli), les Esprits Invisibles peuvent garder leur mémoire quand ils renaissent. Ils accèdent donc à une forme d'immortalité - à condition de pouvoir se réincarner, ce qui n'est pas le cas si leur âme est détruite ou s'ils ne trouvent pas de nouveaux corps à former.
Les Esprits Invisibles ont pris dans ce Monde plusieurs formes matérielles : les artisans Zwercs gardiens de géométrie et les chasseurs Aulnes vêtus de florescences, de germinations et de sève vitale (Elfes). Ils ont deux formes de mémoire différentes : Les premiers étaient les scribes des Invisibles, les seconds étaient les aèdes.
Les Zwercs combinent les matériaux, figent des statues, gravent des glyphes et dressent des monolithes, les Aulnes sèment à tout vent et chassent les rêves et les âmes dans les vernaies des marais.
Les Zwercs sont le peuple qui tentent de préserver l'information là où le Fleuve de l'Oubli risque toujours de perturber tous les souvenirs. Ils ont des pouvoirs sur l'espace et apparaissent souvent assez petits bien que certains puissent se rendre encore plus minuscules et ont pu former des forteresses à l'intérieur de lingots ou de gemmes (comme leur cité d'Electrum qui fut jadis scindée en deux fragments de pièce).
Mythologie gnostique des Zwercs : la Carte de la Mémoire
Ils disent qu'au début était la Carte, la "Carte" avant le Monde.
C'était un "lieu" avant tout lieu, le Palais de tous les symboles, qui contenait toutes les significations, tous les codes. C'était une structure idéale qui organisait de manière éternelle toutes les voies entre toutes les idées possibles, tous les êtres, toutes les âmes, l'alphabet universel de tous les caractères. La mémoire était alors parfaite car tous les signes se soutenaient en un dialogue harmonieux.
Puis vint l'Oubli. Il surgit comme un déluge ou un incendie consumant la Carte, recombinant et simplifiant tous les signes, dégradant la Carte en la rendant méconnaissable. Depuis, les âmes peuvent perdre des fragments des signes qu'ils chantaient encore dans la Carte. C'est pourquoi les âmes peuvent périr et oublier qui elles sont. C'est l'Oubli qui a sculpté l'illimité pour lui donner sa forme contingente, ruine de l'éternité.
Là où l'Oubli envahit le Palais se trouva la première Limite. C'est là que Terme, dieu des Limites, Maître de l'Horizon, construisit plus tard Limen, la Cité du Seuil à l'embouchure du Fleuve.
La Magie consiste à pouvoir retrouver certaines des "voies" de la Carte, relire les souvenirs dans les rêves ou dans les esprits qui hantent les échos de la Carte. Les Tombeaux sont des cartes des signes qui peuvent préserver les souvenirs contre l'Oubli. Ceux qui auraient accès à la Carte pourraient alors replier l'espace et le temps.
La Cité-Mère et la Guerre du Cristal Croissant
Parmi les Esprits, les Zwercs sont les artisans de la matière, les bornes vivantes. Ils suivaient le forgeron Los et sa parèdre l'Extension spatiale Enitharmon.
Ils construisirent sept Monolithes vivants pour bâtir la Cité-Mère. Les sept Golems commencèrent par les sept portes qui allaient former les axes de l'heptacle. La Cité-Mère était une ébauche dans le monde matériel pour reconstruire le Palais de la Mémoire. La Cité-Mère était un cristal symétrique qui s'étirait en un filet ou une toile d'écailles de cristal, pour reformer le grand livre de la Carte. Son but était d'absorber tout ce monde imparfait et temporel dans les couloirs et les lignes gravées de ce grand Livre-Mère.
Mais cette structure n'était qu'une forme et les Invisibles de la Terre, la Grande Chasse des Fées, dirent que ce n'était qu'un copie imparfaite, une falsification morte des chants infinis. Les Aulnes croient que ce chant ne s'est jamais arrêté depuis l'Oubli et qu'il n'a fait que se moduler. Le vrai Palais de la Mémoire devait se trouver dans l'évolution créatrice, dans la croissance vivante de la Forêt des Symboles.
Le Roi des Aulnes lança la Guerre contre le Cristal Croissant.
La Terre fertile et verte se souleva contre la Cité-Mère et une légion de ronces s'attaqua aux constructions minérales. Les épines griffues des voies tortueuses encerclèrent les murailles pour arrêter la croissance de la Cité-Mère. La Grande Haie de la Sylve construite par les Druides est un mur végétal plein de sucs empoisonné contre les murailles palpitantes de la Cité.
La clôture de la Cité-Mère
Enfermée dans la Grande Haie, la Cité-Mère perdit la raison. Elle commença des excroissances insensées, des tumeurs cancéreuses de villes cauchemardesques qui tombaient en ruine de manière désordonnée. La ville se vida de la plupart des Zwercs mais a encore ses Monolithes vivants et certaines de ses voies pourraient contourner la Grande Haie par des chemins repliés, les anciennes voies obscures.
Les Aulnes disent que cette ancienne Cité-Mère des Zwercs est une ville morte et vivante à la fois mais certains Zwercs disent qu'elle n'est que mise en sommeil et ils cherchent toujours à la libérer de la gangue épineuse qui l'enserre.
Les Zwercs à Limen
Les serviteurs du Livre-Mère écrivent la grande Encyclopédie des Zwercs et voyagent pour pouvoir réécrire la Carte des souvenirs. Comme c'est à Limen que l'Oubli a détruit le Palais de la Mémoire, ce serait aussi l'endroit qui contient le plus de lambeaux et de fantômes de ce qui a été perdu. Les Zwercs disent y chercher l'entrée pour revenir consulter un écho fragile du Palais. Certains fouillent (avec des scaphandres) le lit du Fleuve de l'Oubli pour y trouver une clef, l'une des Runes submergées qui auraient été perdues quand la Carte se changea en un territoire imparfait.
Ils durent brûler leur Archive à Limen quand les Dragons de la Maison de Sable vinrent tenter de la conquérir mais ils en gardent une structure archétypale dans leurs esquisses du Palais de la Mémoire, la Bibliothèque des Cendres.
Livres et mémoires
Sous la Terre se trouvent Archive, le silo des signes, et Enclume, la Cité des Zwercs cachés où ils forgent des livres de métal dont ils peuvent varier la taille pour mieux les stocker. La Cité d'Electrum avait été réduite à la taille d'un ongle mais elle fut coupée en deux. Ils archivent les ébauches de réparation de la Cité-Mère.
Chaque Zwerc, chacune de leurs pièces de métal, chacune de leurs armes et de leurs armures, est aussi un Livre.
Chaque Zwerc passe son temps à s'éditer, à graver des runes et tatouages sur son corps pour servir de chapitres de corrections, pour soigner la Cité-Mère et la délivrer du long siège des Ronces. Certains Zwercs deviennent des géants pour avoir plus de place sur leur corps.
Les Druides, prêtres des Aulnes, eux, brûlent les livres en un grand "acte de foi" en la mémoire. Ils interdisent l'écriture car ils veulent garder une mémoire vivante sans aucun signe gravé, mais ils peuvent aussi purifier les pluies de l'Oubli et enlever les effets amnésiques de ceux qui ont bu de ses eaux.
Certains Zwercs prétendent que leurs philtres peuvent être aussi mensongers en manipulant de faux souvenirs pour que tous les mortels aiment le peuple des Aulnes malgré toutes leurs chasses à l'âme impitoyables.
Les Prêtres des eaux sont indispensables dans la vallée (même si certains mortels désespérés préfèrent vivre hagards et sans souvenir toute leur vie).
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