Quel est votre personnage favori ?
Comme Imaginos, j'interprète cela plus comme "votre PJ" favori et pas personnage en général.
Nous avions fait avec le MJ Xavier B. une campagne d'Ars Magica en Espagne au XIIIe siècle où une particularité était qu'on jouait tous avec le MJ en se croisant assez rarement (nos Mages étaient assez dispersés à travers l'Ibérie). Je jouais un Magicien maure d'origine sicilienne, Avendahut (Loge des Literati) qui doit être le personnage pour lequel j'ai fait les notes les plus longues avant la première partie (mais je n'ai plus sa fiche "technique", en revanche). Ceux qui connaissent la biographie de Frédéric II par Ernst Kantorowicz y reconnaîtront des éléments (Kantorowicz imagine que Frédéric II put avoir un tuteur musulman en Sicile, ce qui aurait expliqué sa relative tolérance religieuse).
La fin du texte (à partir de Punta Mayor en 1214) est en revanche le résumé des deux premières parties. La campagne (qui avait déjà commencé longtemps avant que je n'arrive) ne dura hélas pas longtemps après mon entrée.
Je l'ai retrouvée sur un vieux site :
Enfances siciliennes d'Ibn Daoud
"C'est l'Année de l'Incarnation 1172 [soit 567 de l'Hégire] que naquit Johannes de Palerme [plus connu sous son autre nom d'Avendahut ou Ibn Daoud, ou Giovanni il Moro] en Sicile, fief des Hauteville, mais il ne fut point baptisé chrétiennement.
Les Guiscard de Normandie avaient conquis ces terres du sud sur les Sarrasins avec le soutien de puissants Sorciers non-affiliés à l'Ordre d'Hermès et de certains adeptes de Flambeau. Il se trouvait de nombreuses sources de sorcellerie que ne reconnaissait pas l'Ordre, jusqu'à ce que les Quaesitores de Magvillus, Domus Magna de Guernicus, les soumettent ou les occissent. Pendant longtemps, l'usage clandestin des Arts persévéra, notamment chez les Infidèles, malgré la vigilance des Quaesitores et des Hoplites de la Maison Flambeau.
On raconte que le Roi Roger le Second avait persiflé pendant un festin sur les paroles des Ecritures "Exaltavit humiliores". Il était fier seigneur et se croyait sans supérieur, prétendant qu'il ne tenait son domaine de nul fors lui-même. Le Très-Haut mit alors son âme dans l'enveloppe charnelle d'un pauvre calabrais et pendant un an et un jour le Roi Roger vécut comme un miséreux. Ainsi il apprit la Vertu d'humilité. [On voit mal le rapport entre ce paragraphe et l'histoire d'Avendahut ; il doit s'agir d'une interpolation d'un copiste de la Chronique à des fins morales contre l'hubris ?]
La famille de Johannes était attachée au service des Hauteville depuis longtemps, car les Normands toléraient les Mahométans parmi leurs gardes et leurs sergents depuis la prise de Palerme. Toute la maisonnée de Johannes suivit Constance, fille unique du Roi Roger, lorsque celle-ci vint à Mediolanum pour ses noces avec le prince impérial Henri le Staufen. Il était le fils du célèbre Frédéric Barbe-Rousse, qui périt Croisé outre-mer en l'An de Grâce de Notre Sauveur 1190. Henri VI Hohenstaufen fut le premier à unir la couronne de Sicile au diadème de l'Empire depuis l'époque de Justinien et à pouvoir ceindre toutes les terres de Rome entre les domaines de la Maison de Souabe, de Germanie & d'Italie.
Domus Literatorum
A Milan, Johannes de Bologne, dit Clarus ["l'illustre"], mage lettré de la Maison Jerbiton, remarqua que le jeune maure avait le Don. Il le recruta comme Apprenti mais lui donna un nom chrétien, qui fut le même que celui de son Pater. Cette conversion ne fut que de Nom et non dans l'Esprit, car "voces velant veritatem".
Clarus avait des contacts avec les monastères des Alpes et venait y chercher des copies. Pendant sept ans, Johannes le Jeune accompagna son Pater dans son périple, en étudiant les Anciens dans l'Université de Bologne et dans la Domus Literatorum. Cette Alliance enseignait aussi le Droit Civil & Canon. Johannes voulait aussi continuer à fréquenter sa famille et Dame Constance mais les Jerbiton de Bologne ne jugeaient pas cela prudent car ils redoutaient la surveillance des agents de Rome.
En l'An 1194, le Mage Clarus, qui vivait trop dans le Monde, aux yeux de tous, fut dénoncé pour Sorcellerie par Lothaire de Conti de Segni, homme de haut rang & de vieille noblesse dans la Ville Eternelle. Les Quaesitores de Magvillus & tout le Tribunal Italique décidèrent d'abandonner Clarus au supplice, bien qu'il fût innocent de toute Noire Démonologie. Le Primus Arliandus ex Quaesitoribus craignait d'attirer l'attention sur tout le Tribunal et tenait les Literati pour responsables de ce qui était arrivé car il les soupçonnait de Diabolisme. Clarus fut emprisonné et soumis à la Question. Il mourut dans sa geôle plusieurs mois après.
L'Alliance Literatus réclama que Johannes le Jeune revienne à Bologne pour devenir Magus et Maître à l'Université. Johannes n'avait pas fini son apprentissage & n'avait pas même obtenu le Sigillum [Sceau des Mages], n'ayant pas été proprement initié et adoubé par Clarus. Plein de rancoeur contre les Quaesitores & d'amertume contre les Literati, il rejoignit finalement la Cour impériale dans les cités gibelines de Toscane. Il avait ainsi enfreint l'ordre de son ancienne Alliance & demanda le soutien des Feritelli, des Mages de la noblesse gênoise, avant de s'installer auprès de la Cour impériale.
Camera Caesaris
Henri VI le Cruel avait contracté une fièvre des marais et son épouse ne lui avait donné aucun héritier pendant leurs sept premières années de mariage, jusqu'à ce qu'à cette année-là où Constance fut enfin enceinte, ce qui fit croire à une action surnaturelle. Elle accoucha le soir de la Nativité, en Noël 1194, à Jesi, en Italie et nomma l'enfant Constantin, Frédéric, Roger. Henri VI fit couronner le Nouveau Constantin par la noblesse allemande dès l'enfance, malgré les protestations du Pape [Celestin III].
Comme pour tous les Staufen, le rêve de Henri était d'unir définitivement la Sicile à l'Empire et d'augmenter l'autorité de la Maison Impériale. Nul ne saurait dire si le Pape aurait pu contrecarrer ce plan de l'Empereur car ils périrent tous les deux à quelques temps de distance. Le Comte Lothaire de Segni, qui avait grand renom à Rome et en France, fut ordonné prêtre puis sacré dès le jour suivant comme successeur de Saint Pierre, sous le nom d'Innocent [Innocent III].
Ce fut là une carrière des plus rapides. Il prononça alors ce sermon :
"Sache que je te donne aujourd'hui autorité
sur les nations et les royaumes
pour déraciner et renverser,
pour ruiner et démolir,
pour bâtir et planter."
[Jérémie, 2.10]
L'Impératrice Constance ne survécut guère longtemps et le testament confiait le jeune roi de Sicile à la garde du nouveau Pontife et de la Duchesse de Spolète. Johannes de Palerme obtint d'elle le droit de rester auprès du Prince et "de servir de Chiron à ce nouvel Achille".
Chiron
L'enfant-roi fut dépossédé de tout : Otton de Brunswick, fils d'Henri le Lion, fut élu Empereur et Philippe de Souabe, frère d'Henri VI, demanda l'héritage des Staufen.
Alors que se déchiraient ces deux prétendants, l'orphelin fut écarté de la Cour et éduqué par des maîtres de Sicile, Grecs, Juifs ou Sarrasins sous la direction de Johannes de Palerme. Celui-ci devait faire goûter tous les plats de l'enfant et il créa une Garde de Maures pour le protéger, car Normands & Guèlfes, Romains & Souabes avaient intérêt à voir l'héritier des Staufen et des Hauteville rejoindre ses pères. Un bâtard de Roger faillit même y parvenir et l'enfant fut encore éloigné. Johannes apprit un peu de Médecine et soignit l'enfant. C'était un Roi singulier, sans palais & sans ost, avec son Nom pour seule fortune. Elevé dans les rues de Palerme, il étudia l'algèbre et l'astronomie auprès de Maîtres païens.
En l'An 1208, après la défaite de Philippe de Souabe, assassiné, l'Empereur Otton IV Le Lion Saxon se fianca à Béatrice, fille du Hohenstaufen, & marcha vers la Sicile pour la conquérir au nom de son double héritage.
Innocent se souvint de son protégé, le Roi de Sicile, Frédéric le Second. Il excommunia son ancien allié Otto, comme il l'avait déjà fait pour Philippe de Souabe ou pour les rois de France, d'Angleterre ou de Navarre. Le Souverain Pontife promit à l'enfant son soutien et exigea le départ de tous les maîtres palermitains, dont "ce vil mécréant maure". L'adolescent temporisa et Innocent lui proposa une autre offre : la main de l'Infante Constance d'Aragon, veuve d'Emeric de Hongrie.
Mission en Aragon
Johannes, qui n'avait pas fini son apprentissage et qui n'avait plus d'alliés en Italie, si ce n'est les Feritelli de Gênes, brûlait de partir pour l'Ibérie, vers la ville de Tolède où l'on trouvait les nouveaux livres d'Averroès et de Maïmonide. Les Literati de Bologne, que les théories sacrilèges d'Averroès sur l'éternité du monde et sur l'unité de l'Intellectus Agent intéressaient également, soutinrent sa volonté d'aller jusqu'au Tribunal ibérique pour diffuser ces manuscrits inconnus qu'on traduisait depuis quelques années.
Il franchit le Comté de Toulouse à l'époque où Innocent avait lancé l'anathème contre Raymond VI et il y rencontra le nouveau Légat, l'Abbé Arnaud de Citaux, qui fut ensuite Archevêque de Narbonne pour avoir extirpé l'ivraie cathare par la houe de sa prédication.
Puis à Saragosse, il négocia à la cour du Roi Pierre une dot de cent cinquante chevaliers aragonais pour le mariage de l'Infante avec le Roi de Sicile. Ensuite, ayant fait copier quelques manuscrits, il partit conclure son apprentissage tardif de Venerabilis Inceptor.
Il découvrit perdue dans les brumes des Monts Pyrénéens l'Alliance cachée d'Acumen, où il devint disciple de l'Archimage Terrace. [La chronique semble ignorer qu'Ibn Daoud s'était d'abord vu refuser par l'Alliance Jerbiton de Barcelone ; le nom habituel de l'Alliance "Acumen" est Punta Mayor]
Punta Mayor
Terrace de la Maison Jerbiton accepta d'achever l'apprentissage d'Avendahut. Il avait atteint l'âge de cent ans et était devenu le Primus du Tribunal d'Ibérie. Il envoya Avendaut en délégation dans le Tribunal de Provence, à BrumeCrête et à Beziers, à l'été 1209, alors que l'armée des Croisés marchait vers le Languedoc contre les Cathares.
Avendahut échappa de peu à la mort et resta reclus les années suivantes dans les tours d'Acumen. Il avait vu brûler la cité de Béziers et ne fut plus le même après cet événement car c'était une Alliance entière qui disparaissait, comme avait naguère disparu son ancien Pater Clarus.
Mais le calme de l'atelier ne lui convenait pas et on dit que son laboratoire fut embrasé d'un étrange et horrifique feu. Il dût lui-même rester alité pendant plusieurs mois avant de se rétablir. Pourtant son orgueil outrancier ne tira nulle leçon de cet accident.
[D'autres sources semblent indiquer qu'il fut subtilement transformé par cet accident]
En l'An 1214 eut lieu à Acumen le Grand Tribunal d'Ibérie. Le mage Sedlex de la Maison Tytalus - qui avait été seul à vaincre des diabolistes - avait protégé la Tour par un rituel empêchant toute magie sauf la sienne. Les Mages discutèrent de la Reconquête et du rôle qu'y jouaient certains diabolistes autour du maudit Rasus, ancien membre de l'Ordre d'Hermès. On devait décider aussi d'une action particulière à accomplir contre des Loups-Garous lorsque survinrent des événements mystérieux qui n'ont jamais trouvé d'explication. Avendahut fut le premier à remarquer une Ombre qui s'approchait de la zone du Tribunal. Un Mage tomba évanoui après avoir tenté un sortilège à l'intérieur du cercle de protection. Contre toute prudence, certains Mages sortirent alors de l'Aire du rituel de Sedlex pour affronter cette menace inconnue. La plupart revinrent à moitié consumés et amnésiques et un membre de la Maison Tremere disparut en ne laissant qu'une croix tracée de son sang derrière lui.
[Ce mystère a donné naissance à plusieurs interprétations. Je pense que l'être inconnu était peut-être un "Massarah" venu chercher le Tremere ; la suite des événements a en effet prouvé que les Tremere n'étaient pas tous purifiés du Fléau de Caïn. Mais pourquoi avoir attaqué pendant le Tribunal ? ]
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