jeudi 31 août 2023

Kaamelot & Blackadder

Je culpabilise (un peu) de ne pas aimer Kaamelot (même si je suis allé voir le film). Beaucoup de mes amis l'adorent et Astier a l'air malin. Qui plus est, j'aime au contraire beaucoup Holy Grail des Monty Pythons auquel on le compare sans cesse et je me suis longtemps demandé si c'était du snobisme anglophile de ma part. 

Mais j'ai enfin trouvé un contre-argument : Kaamelot ne ressemble pas du tout à l'absurdité nonsense de Holy Grail. Si on laisse le thème arthurien de côté, Kaamelot ressemble plutôt à une autre série britannique, Blackadder et je n'aime pas non plus cette série. Or, on peut difficilement faire plus anglais que Blackadder. Mon anglophilie n'est donc pas coupable. 

A chaque fois que je vois Kaamelot, je vois un des chevaliers d'Arthur dire quelque chose d'incroyablement infantile ou exagérément stupide avec une lourdeur qui m'ennuie, et ensuite Arthur lever les yeux au ciel avec une insistance de mime et dire avec mépris et condescendance qu'il n'est pas aidé, qu'ils sont tous incroyablement cons (ce qu'ils sont). 

Or, si vous avez vu Blackadder, c'est à peu près la même veine comique, si ce n'est que le personnage de Blackadder (Rowan Atkinson à travers les âges) n'est pas censé être le héros mais plutôt un protagoniste à la Iznogood, plus intelligent mais qui échoue sans cesse. Les insultes récurrentes de Blackadder contre Baldrick ne me font pas plus rire que celles d'Arthur contre Perceval ou tous les autres (si ce n'est que dans la version britannique, il s'y ajoute un élément de domination sociale puisque Baldrick est presque toujours L'Homme du Peuple et qu'on est censé rire de la violence symbolique et de la manière dont Blackadder l'arrogant exerce son esprit pour abaisser Baldrick). 

C'est un type d'humour que je trouve "misanthrope", comme souvent aussi chez Riad Sattouf (en tout cas du temps de La vie secrète des jeunes), ou dans Les Visiteurs. C'est une question de degré mais je trouve que l'humour est meilleur quand il y a plus de distance encore (dans l'absurde) ou bien au contraire quand l'empathie vient tempérer la satire. Dans Holy Grail, il y a aussi des moments de ce genre, comme ceux qui font des raisonnements idiots pour pouvoir tuer la Sorcière, et Arthur y est aussi souvent le "faire valoir" sérieux entouré d'imbéciles comme dans Kaamelot, mais je trouve qu'on peut rire là de notre propre stupidité sans seulement la mettre à distance. 

Mais je ne pourrais pas expliquer pourquoi je trouve Kamoulox drôle et pas le Perceval de Kaamelot

7 commentaires:

Frédéric a dit…

Astier est un fan avéré d'Audiard, mauvais point. Il utilise ce même principe éculé (qu'on retrouve dans certains vieux sketchs de Yanne d'ailleurs) de l'usage d'un prosaïsme effréné contrastant avec un cadre sérieux et / ou mythologique qu'il, en quelque sorte, conchie et c'est un problème.

Phersv a dit…

Oui, il y a cet effet de contraste parodique mais cela peut marcher. Par exemple, si la langue très prosaïque alterne souvent très directement avec un style très élevé ou archaïque (du genre de "J'ai bon caractère mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier"). Chez Astier, il y a contraste entre la forme et le genre attendu mais peu de contraste entre niveaux de discours, j'ai l'impression : les expressions figées ne servent qu'à montrer la sottise des chevaliers.

Frédéric a dit…

En vérité, même l'exemple que vous citez, quoique linguistiquement effectif, représente un humour franchouillard vintage qui sent un peu trop le Ricard pour moi.
Astier semble éparpiller des blagues de comptoir pas drôles sur un fond paresseusement moyenâgeux.

Elias a dit…

Le système de personnages de Kaamelott me semble plus riche et différencié que celui de Blackadder (pour autant que je m'en souvienne) ce qui permet d'explorer différentes facettes de la bêtise. Je suis d'accord que l'humour misanthrope prédomine mais j'aime bien l'évolution de la série vers tonalité dépressive et mélancolique.

Phersv a dit…

Ils vont un peu loin dans ce sens mélancolique, non ? Je ne veux pas qu'Astier suive servilement les prétendues étapes du cycle du Héros de Joseph Campbell mais Arthur semble avoir beaucoup de mal à quitter l'étape du Refus de l'Appel (je n'ai vu que le film, pas la série sauf quelques épisodes).

賈尼 a dit…

Ouf, je ne suis pas le seul à ne pas aimer Kaamelott. Je me sentais si seul jusqu'à présent.

Le pire c'est quand je vais en convention, que quelqu'un cite un bon mot issu de la série, et que je suis le seul à ne pas me bidonner.

Phersv a dit…

"Pas faux".