Personnages :
M. Garnier, le patient
Infirmière
Psychiatre
SCENE I
Intérieur jour
Cabinet d'un psychiatre,
professeur de médecine
Caméra subjective
depuis le point de vue du patient
INFIRMIERE
Monsieur Garnier, vous pouvez entrer,
le Professeur va vous recevoir.
PATIENT
Merci.
(voix off, suffisamment étouffée
pour qu'on puisse percevoir que c'est
son introspection)
Le charlatan n'avait même pas de
patients avant. Il ne tient pas ses
rendez-vous parce que je ne suis qu'un
énième cobaye parmi d'autres.
PSYCHIATRE
Monsieur... Garnier, asseyez-vous.
(il regarde son dossier)
Vous avez apporté tous les documents que
je vous avais demandé ?
PATIENT
Oui. Le formulaire de consentement,
et la dispense.
Voix off
Parce que vous avez peur que
je vous fasse un procès.
PSYCHIATRE
Bien, oui... oui... tout a l'air en règle et le délai
légal de consentement éclairé est tenu.
Je vous ai déjà expliqué le protocole de
nos expériences sur Ataraxia ZL, mais il
faut quand même que je vous répète
l'essentiel. L'expérience ne durera que
trois mois et il ne faut pas en attendre
des résultats spectaculaires. Vos
attentes risquent d'être trop élevées...
PATIENT
(voix off, superposée sur celle du médecin)
Ca ne risque pas trop. Les pilules du bonheur,
je n'y crois pas trop, charlatan.
PSYCHIATRE
... alors que les effets seront sans doute très légers.
Avez-vous des questions ?
PATIENT
Est-ce que je risque de somnoler ?
Parce que j'ai du travail et que...
PSYCHIATRE
Non, c'est peu vraisemblable, Monsieur Garnier.
Souvenez-vous que le produit du protocole
n'est pas un "euphorisant". Il n'agit pas
du tout comme des anti-dépresseurs classiques
ou comme les inhibiteurs sélectifs
de recapture de sérotonine,
du type paroxétine ou fluoxétine.
PATIENT
(voix off)
Déjà essayé tout ça, ne te fiche pas de moi.
PSYCHIATRE
Le protocole que je vous ai lu prévoit seulement que
vos idées doivent être plus claires et que vous devez
réussir à mieux vous concentrer.
PATIENT
(voix off)
Autrement dit, des insomnies ?
PSYCHIATRE
Vous devez ressentir peu à peu que vous avez
un meilleur contrôle de vos propres pensées.
Voilà les échantillons pour ce mois-ci.
Suivez scrupuleusement la posologie et si vous
ratez une dose, indiquez-le sur le formulaire.
Notre prochain rendez-vous de mi-étape aura
lieu le mois prochain.
Est-ce que le lundi 12 vous irait ?
PATIENT
Oui, très bien. Merci
(voix off)
Et pourquoi est-ce que je le remercie.
N'est-ce pas plutôt lui qui devrait me
remercier pour la science ? Je fais ça
bénévolement quand même.
SCENE II
Intérieur jour
Toujours en caméra subjective
(même bureau, vêtements changés)
PSYCHIATRE
Alors, Monsieur... heu... Garnier, tout se passe bien
après ce premier mois ?
PATIENT
Oui. Comme vous l'avez dit, je ne sens pas grand-chose.
Je me sens peut-être un peu plus lucide mais
rien de frappant.
(voix off)
Oh, pourquoi je dis ça. Plus "lucide" ?
Ca ne veut rien dire. Il faut que j'arrête de
dire ce qu'il a envie d'entendre.
PSYCHIATRE
Oh, déjà ? C'est intéressant. Je vois que
vous n'avez manqué aucune dose.
PATIENT
(voix off)
Ca, c'est ce que tu crois. Sauf deux ou trois fois.
PSYCHIATRE
Bien, remplissez ce second formulaire
et je vous donne les doses. Nous pouvons
nous donner rendez-vous pour le mois prochain.
SCENE III
Intérieur jour
La caméra n'est plus subjective,
mais plutôt du côté du médecin
(même bureau, vêtements changés)
PSYCHIATRE
Monsieur Garnier, alors, tout va bien ?
PATIENT
Je ne me suis jamais senti mieux.
Ca marche vraiment, je me sens plus
en contrôle que je ne l'ai jamais été.
voix off
Mais qu'est-ce qu'il dit ? Ce n'est pas vrai !
Je me sens comme un somnambule toute la journée !
voix normale
C'est comme si je m'étais libéré !
voix off
Mais n'importe quoi ! Qui a dit ça ?
Je ne comprends même plus ce que je dis...
Au secours, docteur... il faut...
voix normale
En fait, j'aurais aimé savoir si je pouvais
continuer le protocole.
PSYCHIATRE
Mmm....
Ma foi, c'est assez peu régulier, mais je peux
faire une exception si vous considérez
que cela a vraiment amélioré votre qualité de vie.
PATIENT
Je vous en suis très reconnaissant, Docteur.
voix off
Non, non !
PSYCHIATRE
N'augmentez pas les doses mais voilà de quoi
tenir pendant encore deux mois.
PATIENT
Merci beaucoup.
voix off
Non, non ! Professeur, ne l'écoutez pas !
Je suis là, là, à l'intérieur ! Je ne sais pas
qui parle et qui c'est, et docteur,
je vous en supplie !
Il sort
L'infirmière rentre.
INFIRMIERE
Il a complètement changé, non ?
Il n'était pas aussi sûr de lui au début.
PSYCHIATRE
A vrai dire, je doute que le changement soit profond.
C'est un de nos patients témoin.
Il n'a reçu qu'un placebo depuis
le début. Je compte bien le laisser le savourer.
M. Garnier, le patient
Infirmière
Psychiatre
SCENE I
Intérieur jour
Cabinet d'un psychiatre,
professeur de médecine
Caméra subjective
depuis le point de vue du patient
INFIRMIERE
Monsieur Garnier, vous pouvez entrer,
le Professeur va vous recevoir.
PATIENT
Merci.
(voix off, suffisamment étouffée
pour qu'on puisse percevoir que c'est
son introspection)
Le charlatan n'avait même pas de
patients avant. Il ne tient pas ses
rendez-vous parce que je ne suis qu'un
énième cobaye parmi d'autres.
PSYCHIATRE
Monsieur... Garnier, asseyez-vous.
(il regarde son dossier)
Vous avez apporté tous les documents que
je vous avais demandé ?
PATIENT
Oui. Le formulaire de consentement,
et la dispense.
Voix off
Parce que vous avez peur que
je vous fasse un procès.
PSYCHIATRE
Bien, oui... oui... tout a l'air en règle et le délai
légal de consentement éclairé est tenu.
Je vous ai déjà expliqué le protocole de
nos expériences sur Ataraxia ZL, mais il
faut quand même que je vous répète
l'essentiel. L'expérience ne durera que
trois mois et il ne faut pas en attendre
des résultats spectaculaires. Vos
attentes risquent d'être trop élevées...
PATIENT
(voix off, superposée sur celle du médecin)
Ca ne risque pas trop. Les pilules du bonheur,
je n'y crois pas trop, charlatan.
PSYCHIATRE
... alors que les effets seront sans doute très légers.
Avez-vous des questions ?
PATIENT
Est-ce que je risque de somnoler ?
Parce que j'ai du travail et que...
PSYCHIATRE
Non, c'est peu vraisemblable, Monsieur Garnier.
Souvenez-vous que le produit du protocole
n'est pas un "euphorisant". Il n'agit pas
du tout comme des anti-dépresseurs classiques
ou comme les inhibiteurs sélectifs
de recapture de sérotonine,
du type paroxétine ou fluoxétine.
PATIENT
(voix off)
Déjà essayé tout ça, ne te fiche pas de moi.
PSYCHIATRE
Le protocole que je vous ai lu prévoit seulement que
vos idées doivent être plus claires et que vous devez
réussir à mieux vous concentrer.
PATIENT
(voix off)
Autrement dit, des insomnies ?
PSYCHIATRE
Vous devez ressentir peu à peu que vous avez
un meilleur contrôle de vos propres pensées.
Voilà les échantillons pour ce mois-ci.
Suivez scrupuleusement la posologie et si vous
ratez une dose, indiquez-le sur le formulaire.
Notre prochain rendez-vous de mi-étape aura
lieu le mois prochain.
Est-ce que le lundi 12 vous irait ?
PATIENT
Oui, très bien. Merci
(voix off)
Et pourquoi est-ce que je le remercie.
N'est-ce pas plutôt lui qui devrait me
remercier pour la science ? Je fais ça
bénévolement quand même.
SCENE II
Intérieur jour
Toujours en caméra subjective
(même bureau, vêtements changés)
PSYCHIATRE
Alors, Monsieur... heu... Garnier, tout se passe bien
après ce premier mois ?
PATIENT
Oui. Comme vous l'avez dit, je ne sens pas grand-chose.
Je me sens peut-être un peu plus lucide mais
rien de frappant.
(voix off)
Oh, pourquoi je dis ça. Plus "lucide" ?
Ca ne veut rien dire. Il faut que j'arrête de
dire ce qu'il a envie d'entendre.
PSYCHIATRE
Oh, déjà ? C'est intéressant. Je vois que
vous n'avez manqué aucune dose.
PATIENT
(voix off)
Ca, c'est ce que tu crois. Sauf deux ou trois fois.
PSYCHIATRE
Bien, remplissez ce second formulaire
et je vous donne les doses. Nous pouvons
nous donner rendez-vous pour le mois prochain.
SCENE III
Intérieur jour
La caméra n'est plus subjective,
mais plutôt du côté du médecin
(même bureau, vêtements changés)
PSYCHIATRE
Monsieur Garnier, alors, tout va bien ?
PATIENT
Je ne me suis jamais senti mieux.
Ca marche vraiment, je me sens plus
en contrôle que je ne l'ai jamais été.
voix off
Mais qu'est-ce qu'il dit ? Ce n'est pas vrai !
Je me sens comme un somnambule toute la journée !
voix normale
C'est comme si je m'étais libéré !
voix off
Mais n'importe quoi ! Qui a dit ça ?
Je ne comprends même plus ce que je dis...
Au secours, docteur... il faut...
voix normale
En fait, j'aurais aimé savoir si je pouvais
continuer le protocole.
PSYCHIATRE
Mmm....
Ma foi, c'est assez peu régulier, mais je peux
faire une exception si vous considérez
que cela a vraiment amélioré votre qualité de vie.
PATIENT
Je vous en suis très reconnaissant, Docteur.
voix off
Non, non !
PSYCHIATRE
N'augmentez pas les doses mais voilà de quoi
tenir pendant encore deux mois.
PATIENT
Merci beaucoup.
voix off
Non, non ! Professeur, ne l'écoutez pas !
Je suis là, là, à l'intérieur ! Je ne sais pas
qui parle et qui c'est, et docteur,
je vous en supplie !
Il sort
L'infirmière rentre.
INFIRMIERE
Il a complètement changé, non ?
Il n'était pas aussi sûr de lui au début.
PSYCHIATRE
A vrai dire, je doute que le changement soit profond.
C'est un de nos patients témoin.
Il n'a reçu qu'un placebo depuis
le début. Je compte bien le laisser le savourer.
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