samedi 13 décembre 2008

"Person as a Forensic Term"



M. Le Bot parle de l'anonymat et de l'identité sur le Net, et, en passant, dit :


C’est plus tardivement, chez un auteur comme Boèce, que va apparaître, dans le cadre de la pensée chrétienne, une conception substantielle de la personne comme hypostase, qui trouvera un prolongement dans la réification du moi par John Locke.


Je commets peut-être un contre-sens de lecture mais il me semble que c'est plutôt le contraire pour Locke, non ?

La thèse de Locke (Essay, II, xxvii, 1690) est justement que l'identité du moi n'est qu'une Fonction psychologique, la continuité mémorielle, le Flux de conscience, qui permet attribution des états mentaux et imputation de responsabilité. Dans le crypto-matérialisme de Locke, le Soi ("Self") est détaché de la notion de substance spirituelle et il dit bien que fussions-nous une âme ou bien notre corps, notre personne n'est ni l'un ni l'autre mais seulement la Fonction qui traite nos souvenirs. C'est ce qu'on appelle la théorie "psychologique" de l'identité et de la mêmeté. C'est un début de critique de la réification du moi dans le nouveau concept de "conscience de soi" (créé par Locke), qui va ensuite conduire à la critique du Moi comme simple faisceau de représentations empiriques chez Hume et ensuite le Sujet transcendantal de Kant (comme synthèse de l'aperception, mais non empruntée au contenu empirique des représentations).

Bon, cela dit, je n'ai pas lu le livre d'Alain de Libéra Archéologie du sujet II La quête de l'identité de l'an dernier, qui, si cela se trouve, dit exactement l'inverse (comme le volume I remettait en cause qu'il y avait une subjectivité chez Saint Augustin, alors que traditionnellement on le considère comme le Descartes de l'Antiquité tardive).

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