samedi 26 mars 2011

Admonestations


  • J'écoute d'habitude l'émission "Terre à Terre" de Ruth Stegassy très distraitement parce que je viens à peine d'entendre parler de cette chose qu'on appelle "nature". Mais ce matin, le pamphlet de Fabrice Nicolino, Qui a tué l'écologie ? m'a rappelé à quel point les médias (en tout cas ceux que je fréquentais) étaient prêts à accorder quand même au minimum le bénéfice du doute à Badinguet sur le Grenelle de l'Environnement de 2007. Cela paraît déjà une éternité mais ce "Grenelle" fut l'une des plus grosses escroqueries de tout ce mandat, pourtant fertile en mensonges et manipulations. Badinguet ou Borloo n'y croyaient pas du tout, il n'y a rien d'étonnant à cela, mais comment pouvaient-ils trouver tant de gens apparemment sincères qui voulaient croire à leur conversion ?

    Je ne sais pas si Nicolino a raison sur d'autres éléments (en gros la lente corruption, pardon "notabilisation" des ONG écologistes par les grands intérêts économiques et politiques, notamment le WWF qu'il décrit quasiment comme une société-écran en faveur des lobbies industriels) mais l'analyse qu'il fait de Badinguet, Borloo et Nicolas Hulot (et peut-être même de NKM) me semblent convaincantes. On peut aussi se demander pourquoi Hulot continue à avoir ce prestige étrange à l'intérieur de EELV alors qu'il se soucie plus de son contrat publicitaire sur sa chaîne de télévision que de choix politiques clairs. N'est-ce qu'une question de sondage ou est-ce parce que Daniel Cohn-Bendit continue d'espérer une sorte de figure vide mais charismatique pour dépasser le basisme des Verts ?

  • Bob Herbert signe son dernier édito du New York Times.
    The U.S. has not just misplaced its priorities. When the most powerful country ever to inhabit the earth finds it so easy to plunge into the horror of warfare but almost impossible to find adequate work for its people or to properly educate its young, it has lost its way entirely. (...)

    Overwhelming imbalances in wealth and income inevitably result in enormous imbalances of political power. So the corporations and the very wealthy continue to do well. The employment crisis never gets addressed. The wars never end. And nation-building never gets a foothold here at home.
    Cela faisait 18 ans qu'il écrivait inlassablement à quel point l'Amérique s'écartait de ses promesses et du souci le plus élémentaire pour ses plus défavorisés. Un libéral comme Paul Krugman a un statut et une notoriété qui fait que la blogosphère lui consacre des attaques et polémiques. Elle feignait de traiter les exemples d'injustice sociale chez Herbert par le mépris. La presse américaine s'était donc empressée de maintenir un silence complet autour de ce qu'il dénonçait. Herbert avait le mauvais goût d'avoir raison sans assez choquer, mais de ne pas assez sauter sur des sujets faciles de guerre "culturelle" et de l'exprimer donc dans une sobriété qui semblait trop morose.

    Les banalités si intéressées et biaisées de Thomas Friedman avec ses analogies bancales sont reprises sur chaque recoin de papier d'Amérique mais il était trop pénible d'écouter l'admonestation puritaine de la mauvaise conscience sociale de l'Amérique.

    Andrew Sullivan dit que Herbert n'avait jamais que des "solutions conventionnelles" (trite). Jamais Sullivan qui a soutenu Thatcher, Bush et Obama n'a pu proposer des "solutions banales".

  • Après les lois du gouverneur Scott Walker contre les syndicats enseignants au Wisconsin ("Nous n'avons plus les moyens de laisser des associations de fonctionnaires demander des hausses de traitement"), le gouverneur du Maine, ancien patron républicain (et francophone) Paul LePage, fait retirer une peinture murale de l'Administration du Travail. En tant qu'ancien employeur, il la juge "digne de la Corée du Nord" parce qu'elle représenterait uniquement les conditions de travail des employés (par exemple l'abolition du travail des enfants) sans parler des apports bénéfiques des employeurs.

    Voilà typiquement le genre de "guerre culturelle" de pur ressentiment que peuvent choisir les Républicains : insister pour gommer d'un tableau accroché au Ministère du Travail qu'il y a eu une histoire des lois sociales sur le travail.

  • 1 commentaire:

    Anonyme a dit…

    L'émission de Stegassy est intéressante car elle se distingue souvent de la doxa et de le misanthropie écologique en se concentrant sur des questions techniques liées aux enjeux traditionnellement écolos.