A la cour du roi Vikramakeśarin de Pāṭaliputra, vivait le sage conseiller Vidhagdhacūḍāmaṇi, qui avait été transformé en Perroquet suite à une malédiction du dieu Indra. Il tomba amoureux d'une belle Mainate et les deux oiseaux en vinrent à débattre de qui était le plus méchant des mâles et des femelles. Ils firent le pari que celui qui l'emporterait dans la dispute aurait la maîtrise sur l'autre.
- La Mainate raconta une première histoire d'un homme nommé Dhanadatta qui dilapida toute sa fortune dans le jeu. Il épousa Rātnavalī, la fille d'un riche marchand, puis il l'emmena avec sa dot et ses bijoux. Dans la forêt, il la dépouilla et la précipita dans un ravin pour s'en débarrasser. Rātnavalī survécut,revint chez ses parents et, pour protéger son cruel mari Dhanadatta, fit croire qu'ils avaient été attaqués sur la route. Quand Dhanadatta revint chez le marchand, elle mentit pour le dédouaner. Mais pour seule récompense, il l'assassina et lui vola ses derniers bijoux avant de s'enfuir.
- Le Perroquet raconta une seconde histoire d'un homme vertueux nommé Samudradatta qui était marié à la belle mais perfide Vasudattā. Une nuit, un voleur vint chez eux pour les cambrioler et il vit Vasudattā qui partait rejoindre son amant. Le voleur la suivit et elle retrouva son amant tué par des gardes qui l'avait pris pour un voleur. Le corps de l'amant était possédé par un Vetāla (un "Vampire") et le monstre coupa le nez de l'infidèle Vasudattā. Humiliée, Vasudattā accusa le lendemain son propre mari, l'innocent Samudradatta d'avoir été violent avec elle et d'être l'auteur de cette mutilation. Samudradatta fut condamné à mort pour violence conjugale mais c'est à ce moment que le voleur, qui avait assisté à toute la scène, vint témoigner de ce qui s'était réellement passé. Le roi condamna alors la traitresse et nomma le voleur Préfet de la cité pour son honnêteté.
Après ces deux histoires, la malédiction fut levé et le Perroquet retrouva son incarnation de Cithraratha, le beau Gandharva, et la Mainate retrouva sa forme de Tilottamā la Nymphe Apsaras et ils s'unirent en laissant le problème irrésolu.
L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui des hommes ou des femmes sont les plus méchants.
La réponse du roi Trivikramasena / Vikramaditya (pour une fois peu subtile) est que certains hommes peuvent être parfois pires mais que les femmes sont "en tout temps et en tout lieux plus méchantes".
La morale misogyne finale est un peu décevante par rapport aux énigmes paradoxales qui avaient précédé. Il est vrai qu'on voit mal en quoi les deux récits enchassés du Perroquet et de la Mainate, qui sont assez joliment symétriques dans le Pieux Mensonge et la Calomnie, auraient pu répondre au problème de la supériorité morale d'un sexe sur l'autre.
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