A Ujjayinī, le sage brâhmane Harisvāmin cherchait un époux pour sa fille, la belle Somaprabhā. Il la promit à un premier prétendant, un brâhmane qui avait un grand pouvoir magique et qui pouvait faire voler un Char aérien (vimanā). L'épouse de Harisvāmin promit Somaprabhā à un second prétendant, un brâhmane doté d'une grande vertu guerrière. Le fils ainé de Harisvāmin promit sa soeur à un troisième prétendant, un brâhmane doté d'un grand Art et qui pouvait ainsi lire l'avenir. Mais alors qu'ils se disputaient chacun pour le mariage, Somaprabhā fut enlevée par un démon rākṣasaḥ. Le troisième prétendant se servit de son Art pour savoir où elle était, prise par le rākṣasaḥ nommé Dhūmraśikha dans les monts Vindhya. Le premier prétendant fit voler son Char aérien pour emporter les deux autres. Le second prétendant manifesta sa vertu guerrière, terrassa le rākṣasaḥ et délivra la belle Somaprabhā.
L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui méritait d'épouser Somaprabhā
La réponse du roi Trivikramasena / Vikramaditya, plus prévisible que lors du Second conte, est que le second prétendant, celui aux vertus guerrières, avait mérité l'épouse par son action, alors que l'art et la magie des deux autres n'avaient servi que d'auxiliaires, comme peuvent l'être l'astrologue et le charron.
Une fois de plus, tous les personnages sont des brâhmanes mais ont une superpositions de fonctions sociales. Le conte ne correspond pas exactement aux trois fonctions de Georges Dumézil (Magie-Souveraineté, Guerre, Santé-Fertilité). Le premier prétendant serait de prime abord lié à la fonction magique (mais pourtant sans souveraineté). Le second est encore plus explicitement la fonction guerrière. Le troisième serait plus lié à un savoir magique également, et son Art de pré-cognition ne peut pas vraiment se ranger dans la fonction de fécondité, à moins d'étendre cette expression d'Art vers une sorte de technique.
J'hésite un peu où ranger le premier prétendant. Dans l'explication finale, Trivikramasena le compare à un simple "charron", ce qui le ramènerait à un classe sociale inférieure comme les "sūta" mais d'un autre côté, l'aurige a une fonction de souveraineté magique importante comme on le sait dans le Mahābhārata où le dieu Kṛṣṇa est le conducteur du char d'Arjuna.
Plutôt qu'à une explication dumézilienne sur la souveraineté guerrière, je crois plutôt à une simple parabole "pragmatique" ou "anti-intellectualiste" comme dans le second conte : au commencement est l'Acte, l'Action compte plus que le savoir et l'art.
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