§4 Cette abolition à double sens de son être-autre à double sens est pareillement un retour à double sens en soi-même :
1) parce qu'elle se réobtient elle-même par l'abolition ; parce qu'elle redevient égale à soi par l'abolition de son être-autre ;
2) mais elle redonne tout aussi bien l'autre Conscience de soi à celle-ci, parce qu'elle était soi dans l'autre, parce qu'elle abolit cet être qui est le sien dans l'autre, et donc re-libère l'autre.
Cela conclut le premier mouvement simple de sortie soi-même. Cela suit ce que Hegel appelle une sorte de "Syllogisme", en un sens un peu inhabituel. Normalement depuis Aristote, un syllogisme est un raisonnement qui pose deux propositions et en infère logiquement une troisième. Chez Hegel, le "Syllogisme" est un mouvement dialectique qui oppose deux extrêmes et les abolit en une progression.
Ici, si on récapitule, les deux premiers moments étaient arrivés à une négation complète où le soi s'auto-abolissait et abolissait aussi l'autre être en ne voyant en lui que soi.
Mais ce moment était encore instable et parvient enfin à admettre la rencontre avec l'autre. En un sens, ce n'est qu'un retour à ce qui était censé être la position initiale de séparation entre soi et l'autre. Mais ce retour à la séparation et l'autonomie est désormais enrichi par ce passage nécessaire par une négation apparemment vaine. Il fallait quitter le soi immédiat et passer par un travail de médiation avant de revenir à une séparation mieux comprise. La double négation, l'abolition de l'abolition de l'être autre est enfin la "réobtention" en retour de l'autre comme un soi et de l'autre comme l'essence séparée de soi.
La Conscience de soi est caractérisée par une sorte de béance en elle-même. Elle n'est pas une chose car elle se connaît comme inadéquate à elle-même, toujours en mouvement et en inégalité avec ce qu'elle est. Elle est (momentanément) redevenue égale à elle-même, en reconnaissant qu'elle se distingue de l'autre.
De même, la Conscience de soi a pu se re-trouver en retour en re-laissant à l'autre sa liberté. C'est la première fois qu'apparaît ici un concept de "liberté". Le terme "autonomie" traduisait simplement pour l'instant une sorte d'auto-subsistance ou d'autarcie, pas encore un sens moral. Ce concept de Conscience "libre" est encore pauvre et indéterminé, comme simple "indépendance". Il va changer de sens au fil de la lutte entre les consciences.
Penser l'autre, c'est penser qu'il est "libre" vis-à-vis de moi, sinon il ne serait pas vraiment un autre. Mais le reste du mouvement va compliquer ensuite cette première thèse car l'autre va être aussi ennemi ou rival, une menace pour ma liberté et une victime de mon désir de reconnaissance.
L'illustration est un cartoon (pris là) qui reprend Reproduction interdite de Magritte (1937). Il est souvent utilisé dans les manuels de philosophie comme paradoxe de la Conscience de soi (depuis Platon, Alcibiade, "l'Oeil peut tout voir mais il ne peut pas se voir directement"). C'est aussi la couverture de Problems of the Self de Bernard Williams. Mais ce second regard dans le cartoon rappelle que les gags visuels de Magritte sont vite tombés dans le trop bien-connu.
You Got Democracy in My Medieval Fantasy!
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Too many fantasy settings feature the political systems of the real world
middle ages, but there isn’t a good reason for this prevalence. I make the
case f...
Il y a 2 heures
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