Domination et Servitude (15/19)

« §15 En ceci, la Conscience inessentielle est pour le Maître l'objet qui constitue la vérité de la certitude de soi-même. Cependant, il est clair que cet objet ne correspond pas à son concept, mais qu'au contraire dans ce en quoi le Maître s'est accompli, il lui est advenu tout à fait autre chose qu'une Conscience autonome. Ce n'est pas cela qui est pour lui, mais au contraire une Conscience non-autonome, la certitude qu'il a n'est donc pas celle de l'être pour soi, en tant que vérité, mais sa vérité, au contraire, est la Conscience inessentielle et l'activité inessentielle de celle-ci. »

Depuis le début, la Conscience cherche à faire passer la certitude de soi-même (je crois savoir ce que je suis) à la Vérité (savoir ce que je suis essentiellement et absolument).

Mais en assignant au Serviteur la fonction de le reconnaître, le Maître le considère comme la Conscience "inessentielle" et il considère son travail servile comme une activité "inessentielle". Il ne tient pas l'autre pour un être pour soi.

Le Maître a une telle certitude assurée de soi-même qu'il ne peut même pas saisir qu'il aurait besoin de reconnaître cette autre Conscience. Ainsi, sa certitude d'être le seul centre essentiel l'empêche d'accéder à la garantie de vérité qu'il recherchait.

Le Maître a bien prouvé son indépendance à l'égard de la chose, mais il est si distant des choses qu'il n'arrive qu'à une abstraction. Il a réussi à relativiser l'attachement à la vie mais il en a oublié les conditions réelles derrière sa Conscience. Il aurait pu dépasser la chose mais dans son rapport de jouissance et de domination il ne sait pas vraiment sortir de son égocentrisme.

Ainsi le pôle dominant est une impasse dans ce mouvement.

Bertie Wilberforce Wooster :

"Je n'avais même plus le coeur de toucher à mon petit-déjeuner. J'ai demandé à Jeeves de le boire pour moi."