Via Ezra Klein sur la polarisation extrême entre les Conservateurs républicains et les Démocrates, cette étude de science politique Polarized America. The Dance of Ideology and Unequal Riches (voir aussi ce résumé) :
Increasing polarization in recent decades has been closely accompanied by fundamental social and economic changes—most notably, a parallel rise in income inequality. In Polarized America, Nolan McCarty, Keith Poole, and Howard Rosenthal examine the relationships of polarization, wealth disparity, immigration, and other forces, characterizing it as a dance of give and take and back and forth causality.
(...)
Polarization and income inequality fell in tandem from 1913 to 1957 and rose together dramatically from 1977 on; they trace a parallel rise in immigration beginning in the 1970s. They show that Republicans have moved right, away from redistributive policies that would reduce income inequality.
Immigration, meanwhile, has facilitated the move to the right: non-citizens, a larger share of the population and disproportionately poor, cannot vote; thus there is less political pressure from the bottom for redistribution than there is from the top against it.
In "the choreography of American politics" inequality feeds directly into political polarization, and polarization in turn creates policies that further increase inequality.
C'est un cercle vicieux intéressant : plus le système devient injuste socialement, plus l'injustice devient valorisée politiquement au lieu de se corriger. Il y aurait une spirale contre l'intérêt commun (où d'ailleurs, c'est le Parti Républicain qui lance la "danse" en se réalignant vers la droite bien plus violemment que le Parti démocrate vers la gauche).
Cependant, dans le modèle, la lutte des classes est compliquée par la question de l'inégalité raciste et l'immigration. L'immigration aurait été un facteur décisif pour expliquer que la hausse des inégalités sociales continue sans réaction en faveur de politiques de redistribution : l'électeur médian a gardé un revenu relativement en hausse alors que les revenus du résident médian baissaient à cause de la baisse du niveau d'immigrés non-citoyens aux USA.
Comme l'indique DougJ, d'une part (comme on le constate dans les foules hystériques des Tea Baggers) les plus radicaux ultra-conservateurs sont de manière disproportionnée des Blancs âgés peu éduqués et relativement déclassés, alors qu'au contraire la politique de redistribution (modeste) d'Obama avait eu le soutien des 5% des Américains les plus riches ainsi que des diplomés.
Le Parti Républicain était traditionnellement le Parti des élites financières mais à force d'utiliser la démagogie et le ressentiment, il est en train de devenir prisonnier de cette base qui a fait sa puissance politique (en 1994 et 2002-2004) et de perdre ces élites. Les élites ne sont pas désintéressées mais elles préfèrent que l'Empire soit géré par des technocrates un peu moins idéologues et plus efficaces.
2 commentaires:
C'est en gros la thèse de Krugman dans son avant dernier bouquin ("The Conscience of a Liberal"). Il y ajoute la composante raciale qui explique que les blancs pauvres puissent voter, depuis Reagan en gros, contre la "Welfare Queen", évidemment Noire, et accuse les Républicains de provoquer ces attitudes.
Il me semble que le livre "Pourquoi les pauvres votent à droite?" de Thomas Frank revient aussi sur cette question. La colère populaire, dûe à l'injustice et aux difficultés économiques, se voit exploitée par la droite dure. Celle-ci s'appuie sur des haines potentielles -haines de l'Etat, des minorités, des intellectuels-pour esquiver les questions sociales et appliquer une politique engendreuse d'inégalités.
Enregistrer un commentaire