samedi 15 août 2009

Domination et Servitude (8/19)




§8 Il faut maintenant examiner ce pur concept de la reconnaissance, de redoublement dans son unité de la Conscience de soi, dans la façon dont son processus se manifeste pour la Conscience de soi.
Ce processus nous exposera d'abord le côté d'inégalité de l'une et de l'autre, la sortie du moyen terme dans les extrêmes, qui, en tant qu'extrêmes, se sont opposés, l'un étant seulement celui qui est reconnu, et l'autre seulement celui qui reconnaît.


Ce bref paragraphe résume le précédent pour faire la transition avec la seconde partie du texte, sur la Lutte pour la Reconnaissance entre les Consciences.

Comme on l'a vu, après avoir examiné la Reconnaissance du point de vue seulement de la "logique" dialectique en soi, on doit suivre ici la "phénoménologie", du point de vue de ce qui apparaît de l'intérieur pour chacune des deux Consciences de soi. On passe du moment "en soi" au moment "pour soi". L'élément médian qui est la Conscience de soi dans la Reconnaissance s'oppose sous deux "termes extrêmes" du Sujet et de l'Objet.

Ainsi on va saisir d'abord les échecs de la reconnaissance, l'asymétrie de la reconnaissance avant qu'elle puisse devenir la relation réciproque, mutuelle qu'elle est censée être. Je vais commencer à chercher à asservir l'autre et à lutter contre sa volonté de m'asservir avant de pouvoir admettre que je ne peux pas me connaître (et être libre) sans sa liberté.

L'opposition d'activité entre le Reconnaissant et le Reconnu ouvre celle entre le Serviteur et le Maître mais, paradoxalement, c'est le participe passif qui est d'abord le Dominant (le Reconnu) et c'est le participe actif qui est le Dominé (le Reconnaissant). La relation de Reconnaissance va apparaître d'abord comme la converse de la Domination avant de se dépasser en relation symétrique.

(Jarczyk et Labarrière font remarquer en note dans leur commentaire p. 141 que l'être reconnu est grammaticalement au neutre, das eine nur annerkanntes, alors que le sujet reconnaissant commence au masculin, der andere nur annerkannendes, mais ils me semblent aller vite sur le fait que l'activité des verbes inverse la domination et je ne vois donc pas de détail significatif dans cela.)

2 commentaires:

Goodtime a dit…

Il ne faut pas trop preter d attention au genre des pronoms personnels chez Hegel. Il ecrit allemand comme un cochon et les anacolutes sont legions dans la Pheno. Pour avoir traduit ce texte, je sais que sa desinvolture en la matiere (par exemple, l introduction d un pronom qui ne renvoie a aucun sujet anterieur mais seule;ent a un sujet implicite ou a une serie de propositions substantivee) me rendait a moitie chevre...

Phersv a dit…

Oui, les traducteurs allourdissent parfois un peu son texte mais ils ont souvent l'avantage de désambiguïser tous ces pronoms (mais Lefebvre disait avoir plus laissé les ambiguïtés pour que cela coule plus vite...).
De toute manière ici, cette note sur les genres n'apportait rien.