D'après une décision du tribunal de Lille, le documentaire Le Mur de Sophie Robert (dont je parlais la semaine dernière) ne pourra plus être montré tant qu'elle n'aura pas retiré de son film les entretiens de trois Lacaniens qui s'étaient plaints, Esthela Solano Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens. Cela va peut-être inciter les autres psychanalystes à porter plainte aussi.
Par ailleurs, je ne sais s'il y a un lien avec l'actualité de ce documentaire mais le député UMP Danielle Fasquelle du Pas-de-Calais (Professeur de Droit communautaire et président du Groupe d'études parlementaires sur l'autisme) vient de proposer d'interdire les pratiques psychanalytiques dans le traitement de l'autisme.
Article uniqueCela peut paraître une réaction disproportionnée ou qui devrait plutôt dépendre d'autorités sanitaires.
Les pratiques psychanalytiques, sous toutes leurs formes, doivent être abandonnées dans l’accompagnement des personnes autistes, au profit de traitements opérants, les méthodes éducatives et comportementales en particulier.
Une réaffectation de l’ensemble des moyens à ces modes de prise en charge doit être exigée.
Le CIPPA (Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s'occupant de personnes avec Autisme) a répondu à la proposition en prenant ses distances avec toute pratique psychanalytique qui culpabiliserait les parents.
3 commentaires:
Je conçois tout à fait qu’on veuille bannir la “culpabilisation des parents“, au cas même où ils auraient une responsabilité (éventuellement partielle) dans l’autisme de leur enfants. Car le moralisme est-il efficace ? Je me sens bien incapable de répondre sérieusement à cette question.
Mais au fait, savez-vous si on a la preuve que les parents n’ont aucune responsabilité dans l’autisme de leurs enfants ? Je ne veux bien entendu pas parler ici d’une responsabilité liée à la transmission du patrimoine génétique ! D’ailleurs, la causalité génétique est-elle avérée ?
Je crois avoir entendu qu’il existe une plus forte corrélation dans l’apparition de l’autisme chez des “vrais“ jumeaux que chez les “faux“. Mais ce fait interdit-il de faire l’hypothèse qu’une susceptibilité génétique à l’autisme (qui est apparemment loin d’être un trouble monogénique) ne soit déclenchée que par certains facteurs environnementaux tel un comportement ou un certain type de personnalité des parents ?
Si oui, il existerait alors comme une “maladie“ complémentaire à l’autisme, maladie dont les personnes affectées seraient des sortes de “porteurs sains“ pouvant favoriser l'apparition de l’autisme chez les personnes ayant une prédisposition génétique à une telle affection.
Je précise que je n’ai pour ma part pas la moindre idée d'éventuelles réponses à ces questions ! Mais si quelqu'un pouvait m'éclairer...
Autant que je sache un peu (via Uta Frith et Simon Baron-Cohen), il peut y avoir plusieurs causes possibles dans le spectre autistique mais la cause neurologique semble bien confirmée.
Cela semble donc réduire considérablement l'idée de la cause dite "psychogène" influencée par les parents.
Peut-être que les cas de parents "froids" réels décrits par les psychanalystes ont pu être nocifs mais il semble bien qu'un enfant puisse développer le trouble très tôt sans que les parents ou l'environnement puissent rien y changer. C'est cela que les psychanalystes semblaient refuser dans le film en s'attachant seulement au développement.
Le livre Autisme, le gène introuvable qui vient de sortir, confirme également une cause principalement génétique et donc physiologique (malgré le titre).
Mais ça reste un trouble de la relation et il faut donc bien que les gens (enfant et parents ... et enseignants et...) apprennent à « vivre avec ».
Ce qui veut dire, entre autre, se retrouver devant un “psy” ; le problème étant (selon le documentaire) qu'il y aurait deux chapelles totalement inconciliables qui seraient les analytiques et les comportementalistes.
Je ne suis pas convaincu que ce soit aussi lamentable que ça (et l'existence même de la CIPPA est plutôt encourageante).
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