Ca y est l'affaire du Burkini de la Piscine d'Emerainville parvient même sur le site de la BBC, ce qui va donc signifier une amplification internationale et des menaces d'Al Qaeda.
"Carole", la dame d'une trentaine d'année, Française convertie à une forme de l'islam à 17 ans, dit qu'elle a acheté ce Burkini (maillot de bain recouvrant tout le corps) à Dubai et a essayé plusieurs piscines qui lui ont refusé l'entrée. Elle a finalement été acceptée à la piscine d'Emerainville (77, 7000 habitants) mais après deux séances la direction de la piscine a changé d'avis. Elle a fait une déclaration de "main courante" au commissariat car la police a refusé d'enregistrer une plainte pour discrimination.
La piscine se sert d'un argument simple d'hygiène, et non de laïcité (comme elles interdisent aussi dans les bassins les caleçons, shorts et débardeurs). Mais "Carole" répond qu'on autorise bien pour les hommes en compétition des tenues intégrales et donc qu'on peut faire la différence entre le burkini et une tenue qui pourrait être portée en ville.
Le maire UMP d'Emerainville, Alain Kelyor (qui a été dans d'autres controverses) a tenté de changer le sujet en disant que le burkini (création récente des pays du Golfe) n'était pas exigé par le Coran, mais les partisans pourront toujours répondre que cela est exigée par leur forme de culte.
Bruno Roger-Petit pense que c'est beaucoup de bruit pour rien et se demande même si "Carole" ne chercherait que la publicité (mais même si c'était le cas, la question pourrait se poser) et Le Mague se demande même si Le Parisien n'a pas réutilisé plusieurs fois la même personne pour plusieurs articles (elle me semble pourtant distincte de la "Christine" fan du niqab).
Le débat est à nouveau entre plusieurs libertés : défense de la liberté d'expression de celle qui voudrait entrer dans une piscine avec son propre standard de pudeur et défense de la liberté de conscience de celles qui craignent une Pente Glissante où on ne leur laisserait plus le choix ensuite de respecter ou non les standards de pudeur plus stricts.
Dans le cas de personnes majeures, j'aurais tendance à être plus "libéral-libertaire" que pour des élèves de l'enseignement public (même si les règlements intérieurs des piscines peuvent toujours exclure au nom de règles strictes d'hygiène).
La piscine est un espace public très particulier car "Carole" dit ne pas avoir de problème avec son Burkini à la mer ou sur un autre plan d'eau dans l'espace public. C'est dans la piscine que se situent maintenant les conflits entre standards de la libéralisation du corps en Occident depuis quelques décennies et un renouveau de standards plus stricts (contre les seins nus ou l'allaitement public par exemple).
Martine Aubry avait autorisé des heures d'ouverture de la piscine à Lille réservée aux femmes, et où même le personnel à ces heures devait être féminin (de même récemment en Isère). Elle dut ensuite changer d'avis et continue d'être critiquée par Fadela Amara pour sa position initiale. Mais l'interdiction de créneaux anti-mixité conduit ensuite à la création de piscines entièrement réservées aux femmes (ce qu'une association privée a, bien entendu, le droit de faire).
La mixité a de nombreux avantages (notamment à l'école comme lieu public, malgré certains discours récents qui défendent la séparation) mais elle est déjà souvent de fait limitée, notamment quand les femmes se plaignent de pratiques de harcèlement. Les hammams ne sont pas toujours mixtes et depuis peu de temps les trains de nuit français ont suivi l'idée japonaise des métros en créant des wagons réservées aux femmes.
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3 commentaires:
Les piscines deviennent des lieux-à-controverse en effet. Aux burqinis j'ajouterai les monokinis
http://coulmont.com/blog/2008/12/12/debats-seins-nus-piscine/
(et je cherche toujours l'étudiante qui accepterait d'en faire une recherche de master
http://coulmont.com/blog/2009/05/04/sujets-de-master-sociologie/ )
Touche pas à ma copine voilée ou burkinée
http://ysengrimus.wordpress.com/2008/05/24/athee-rationaliste-et%E2%80%A6-solidaire-de-ma-compatriote-au-hidjab/
Je n’approuve pas le voile, mais je le tolère…
Face à toute situation litigieuse, il faut se demander : "Mais que dit la loi ?".
J'ai personnellement l'habitude d'utiliser un bermuda de bain pour aller à la plage mais, à la piscine, le règlement m'oblige à porter un slip de bain. C'est le règlement, je m'y plie. Je suggère à cette dame de faire de même. Personne ne l'oblige à aller dans cette piscine après tout.
Toutefois, les lois, comme les règlements des piscines municipales, peuvent évoluer. Il faut voter pour les candidats qui correspondent le mieux à ses opinions et desiderata.
Autre solution : ouvrir une piscine privée où un règlement spécifique sera appliqué, approuvé par les membres du club. J'imagine que des investisseurs (petits ou gros, français ou étrangers) pourraient contribuer.
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