jeudi 6 janvier 2011

Le partenaire de l'UMP, autoritaire ou totalitaire ?



Cet article d'un correspondant à Beijing me paraît assez décevant dans son manque de précision sur le Parti communiste chinois. Il prétend démystifier et finalement arrive à des banalités un peu contradictoires.

Il commence par dire que nous avons tort de dire que la Chine n'est plus orthodoxe léniniste et rétorque que le PCC croit toujours à son idéologie. Mais il passe aussitôt à des critères comme le pouvoir de l'Armée populaire de libération (un Etat dans l'Etat qui contrôle des industries entières) et qu'il y a communisme notamment parce que l'APL reste un bras armé du PCC et non pas de l'Etat (ce qui rend possible que le Parti soit toujours identique à l'Etat).

Puis il dit que nous avons tort à l'inverse de croire que le régime est toujours "totalitaire", il n'est qu'autoritaire et laisse une impression d'initiative à la société tant qu'elle ne se soucie pas de politique réelle. Après tout, il y a depuis le début un "multipartisme" fantoche et même 8 Partis autorisés dans le Front Uni alors que le PCC n'a "que" 70% des sièges à l'Assemblée nationale des Représentants du Peuple.

Puis il dit que le Parti contrôle bien toute la propagande et les sources d'information et que l'Internet chinois est plus empli de Nationalistes zélés que de dissidents et la Chine n'a pas vu apparaître une vraie opposition intérieure (en dehors de quelques campagnes arriérées ou d'ethnies des frontières) ou une classe moyenne qui pourrait soutenir des réformes démocratiques libérales au sens politique (et de toute manière ajoute l'auteur, la démocratie n'est jamais arrivée en Asie que lorsque les Américains ont contraint les Asiatiques à l'accepter comme au Japon - il me semble pourtant que les Américains étaient relarivement peu actifs derrière la démocratisation en Corée du Sud et à Taiwan).

Mais on ne sait trop quelle leçon tirer de l'analyse qui semble dire tout et son contraire, car le critère même du "totalitarisme" demeure vague sur le rapport entre politique et économie.

La notion de Léninisme de Marché orthodoxe demanderait aussi d'être précisée (la NEP n'était censée être que temporaire, contrairement aux Modernisations depuis Deng Xiaoping). La Chine a un discours communiste toujours "strict" et un PC qui contrôle toute la politique mais admet une classe de propriétaires néo-bourgeois tant qu'ils ne veulent pas remettre en cause l'hégémonie politique.

Le prochain Secrétaire-général du PCC et actuel Vice-Président, Xí Jìnpíng, qui doit succéder à Hu Jintao en 2012 (décidément), est considéré comme plus "conservateur" que le Secrétaire et Président actuel au sens où il se méfierait plus de compromis politiques qui risquerait de reconduire à une nouvelle crise comme en 1989. Il insiste sur sa fidélité absolue au Canon Maoïste et à la nécessité de maintenir l'intégrité de cet endoctrinement mais les dignitaires occidentaux ne cessent tous de louer son "pragmatisme". Il est toujours soutenu par l'ex-Président Jiāng Zémín (qui a quitté le pouvoir en 2003).

De même que l'URSS avait parfois un ersatz de politique, malgré la dictature, dans la lutte interne entre PCUS et les Jeunesses des Komsomols (qui présentaient des candidats séparés), le "jeune" Xí Jìnpíng (né en 1953) s'oppose à présent aux Tuanpai (la faction de la Ligue de la Jeunesse communiste) qui est considérée comme particulièrement proche de Hu Jintao qui la dirigeait au milieu des années 80. L'opposition n'est pas vraiment l'âge mais les appuis dans le Parti, Xí Jìnpíng étant issu d'un cadre du Parti, dans la nouvelle "aristocratie" de ceux qu'on appelle les Princes Royaux du Parti, alors que Hu et sa faction de la Ligue de la Jeunesse seraient souvent d'origine plus modeste hors du Parti (le père de Hu Jintao était pauvre et fut dénoncé sous le Maoïsme pendant la Révolution culturelle).

Xí Jìnpíng commence à accuser certains membres de la Ligue de la Jeunesse communiste d'être corrompus dans les Provinces et d'avoir eu des liens avec les Triades, ce qui est un angle pour annoncer une éventuelle Purge. Il essaye d'assurer son contrôle de l'Armée et soigne son image. Il est maintenant marié (comme d'autres Présidents de la République) à une chanteuse populaire célèbre. Il s'agit de la Générale de l'APL Péng Lìyuán (on peut la voir chanter en uniforme). Décidément, après l'actrice d'opéra Jiang Qing, dernière épouse de Mao, les dirigeants communistes aiment la scène.

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