mercredi 24 septembre 2008

Aux Innocents les Mains Invisibles



(Google m'apprend que l'expression "Aux innocents les mains pleines" viendrait d'un vaudeville ou "comédie-proverbe" d'un certain P.A. Lambert Thiboust, joué en 1849)

Badinguet, notre "Humaniste de l'Année" (j'ai enfin compris l'ironie de Roquentin contre ce mot), appelle avec audace et sens du sacrifice à plus de responsabilité, à condition que ces responsabilités retombent bien sur certains banquiers américains.

Quand il parle à des dictateurs chinois, libyens ou syriens, il dit tout le temps qu'il ne donne pas de "leçons de morale" (boo, la morale c'est MAL si ça nuit aux affaires, sauf si cela donne un supplément d'âme).

Mais il sait prendre la posture de la Morale aux Mains propres et sans aucun coût quand il s'agit de jouer le rôle chiraquoïde à l'Onu, avec la même sincérité et la même bonne foi que son ancien protecteur. Il sait mettre les formes et la dignité de sa fonction :


"Quand ça marche et qu'il faut se partager des bonus gigantesques, on connaît les responsables, pas de problème.
Voilà donc que ça ne marche plus et alors là, on ne connaît pas les responsables ?"


FARPAITEMENT, MÔSSIEUR... PAULSON !
(tape sur la table)
et tu m'en ressssers une poaaaaaare avec çaaaaa.

(Le directeur du FMI manifeste d'ailleurs autant de courage dans son soutien au Plan de Paulson, sans doute trop occupé dans une titanomachie contre des Colosses comme Moscovici)



Jonathan Schwartz (que j'aime bien en ce moment car il rappelle dans un moment de polarisation que malgré la catastrophe que va être la Présidence McCain, Obama ne resterait tout au plus qu'un "moindre mal", avec des ambiguïtés qui feront bientôt passer les Clintons pour des gauchistes en comparaison) :


Sweden did not just bail out its financial institutions by having the government take over the bad debts. It extracted pounds of flesh from bank shareholders before writing checks. Banks had to write down losses and issue warrants to the government. (...)

A few American commentators have proposed that the United States government extract equity from banks as a price for their rescue. But it does not seem to be under serious consideration yet in the Bush administration or Congress.

The reason is not quite clear.


The reason is actually very clear: Sweden is a first world democracy, where the people at the top feel a sense of responsibility to the rest of society, and the rest of society has the power to hold them accountable.
The United States is more and more like a third world kleptocracy, where the people in charge have no interest other than looting the country, and no one has the power to stop them.


La même chose pourrait à peu près se dire pour la différence entre les régimes libéraux démocrates de Mitterrand-Chirac par rapport au pillage actuel proto-berlusconien par Badinguet : sa victoire prouvait une partie de son discours, c'est-à-dire une résignation déclinante vers une cynique et tranquille ploutocratie.

Add. Je ne me rendais pas compte de l'envergure du Plan de sauvetage de Hank "Nosferatu" Paulson avant ce graphique qui rappelle le rachat des Caisses d'épargne à la fin de la présidence du Premier Bush (quelle curieuse coïncidence).
EDIT : Emmanuel de Ceteris Paribus faisait remarquer qu'en part du PIB (et non pas seulement en dollars constants) le sauvetage des S&L doit rester plus important que le plan Paulson (qui est, qui plus est, potentiellement étalé sur un cycle plus long).

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