Le livre d'Audier sur la Pensée anti-68 était ambigu. Il le présente comme un simple exposé de recherche et c'est plus un survol de nombreuses thèses (peu creusées à chaque fois tant c'est une compilation de très nombreuses sources). Mais il exagère en niant qu'il y a bien une volonté de critique de ces réactionnaires. Je ne comprends jamais pourquoi Finkielkraut nie qu'il est réac et qu'il "remet en cause l'opposition progressisme-réaction". En disant que le progressisme se fourvoie, il est réactionnaire. Il a peut-être raison mais il est de mauvaise foi en niant qu'il l'est. Une personne qui dit qu'elle a remis en cause ses dogmes de gauche ou qu'il ne croit plus à l'opposition droite-gauche est toujours de droite.
Les anti-mai-soixantehuitards de gauche et de droite sont tous d'accord sur une sorte de Crise de civilisation (symptome ou cristallisation plus qu'événement fondateur) qui auraît accompagné le processus général de l'Individualisme démocratique, du relativisme habillé en philosophie libérale-libertaire, trop libérale pour les socialistes, trop libertaire pour les conservateurs, une victoire de l'anarchisme dans le gauchisme malgré les modèles trotskystes et maoïstes. C'est peut-être un défaut important des anti-mai-68 (malgré toutes leurs différences) de vouloir à ce point attribuer à quelques manifestations une responsabilité plus grande que tout le contexte. L'autre invitée, Jade Lindgaard, avait un joli retournement (même si c'est facile) en reprochant finalement à la Génération 68 d'être trop obsédée non pas seulement par 68 mais par le concept même de "Génération" (se définir sans cesse pour ou contre une date reste trop éternellement soixante-huitard). 1848 fut bien plus important, bien entendu, et je veux bien croire que le 68 praguois fut plus courageux dans sa tragédie et sa défense de la culture que le jeu hédoniste du 68 parisien.
Personnellement, né après 68 et n'ayant jamais partagé l'idée de liquider la culture bourgeoise (sans pour autant vouloir réduire toute la culture à la Gratitude envers les morts comme Finkielkraut), je dirais que j'ai plus de mal avec la culture du Ressentiment généralisé (qui a commencé bien avant et qui dépasse donc complètement cet épiphénomène festif et plus inoffensif d'une grève sans beaucoup de violence).
Chacun voit cette culture du Ressentiment mais on n'insiste pas assez sur la symétrie qui touche tous les bords à la fois. Le Ressentiment des uns fortifie celui de ceux qui s'en croient les objets, il y a le Ressentiment des opprimés et le Ressentiment de ceux qui veulent nier les oppressions ou qui ont du mal avec un Ressentiment qu'on voudrait leur infliger. C'est une spirale où chacun dénonce avec Ressentiment celui des autres. Même cette idée arendtienne de Gratitude semble encore trop résonner comme une créance ou un endettement et donc un ressentiment larvé, un rappel à l'ordre contre l'ingratitude. Je préfère parler d'admiration raisonnée, de générosité dans l'examen critique ou de souci pour le passé plus que de dette.
La seule chose que je pourrais vraiment reprocher de spécifique à 68 fut la réforme des maths modernes, le déclin de l'ordre "historique" des démonstrations au nom d'une refondation formaliste-bourbakiste, ce qui confond l'ordre des raisons avec celui de l'invention et de l'apprentissage, le synthétique et l'analytique, mais cette réforme fut en partie assez vite abandonnée. Pour parler en termes générationnels, élevé dans les années 70, je me souviens d'un désastre pédagogique où on tenta de m'apprendre le calcul avec Base variable non-décimale, ce qui était à la fois difficile et inutile, mais je ne crois pas que cela eut beaucoup d'effet ou pourrait excuser ma nullité mathématique.
The other Duggar children, in between Joshua and Jennifer, are Jana, 18; John-David, 18; Jill, 16; Jessa, 15; Jinger, 14; Joseph, 13; Josiah, 11; Joy-Anna, 10; Jeremiah, 9; Jedidiah, 9; Jason, 7; James, 6; Justin, 5; Jackson, 3; and Johannah, 2.
Les Duggars refusent d'envoyer leurs enfants à l'école américaine (trop blasphématoire) et éduquent leurs 18 enfants dans le sectarisme le plus complet.
Marvel Comics a fait un bon usage de cette politisation avec sa récente Civil War (où la droite de Dick Cheney-Anthony Stark gagnait et était ridicule). Le film sur Iron Man joue intelligemment sur l'ambiguïté politique et réussit à plaire à tout le monde : Stark y est un Faucon (un "Jacksonien" avec des côtés Wilsoniens), mais il critique le lobby militaro-industriel.
DC va les imiter avec sa nouvelle série DCU Decisions écrite par le Républicain Bill Willingham et le Démocrate Judd Winick. L'idée est que les superhéros vont se diviser sur la politique mais de manière encore plus réaliste. Il n'y aura pas de superhéros candidats mais des superhéros militants. On savait depuis longtemps que Green Arrow est de gauche et que Hawkman est de droite mais la question n'a jamais été tranchée pour la plupart des autres personnages (ok, à part Swamp Thing, qui doit forcément voter Vert). Personnellement, j'ai toujours imaginé Superman en Démocrate parce qu'il soutenait clairement FDR et JFK.
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