samedi 3 mai 2008

Brutes et Bourgmestres



Ca y est, après Rome dirigée par un fasciste de 50 ans, le quadragénaire virulent Boris de Pfeffel Johnson est devenu le nouveau (et second) Maire de Londres (53% contre 47% pour Livingstone).

On cite souvent quelques mensonges, "gaffes" et propos racistes (moins graves certes que celles de ce taré de Prince consort) mais on n'insiste pas toujours assez sur le trait le plus important : il accepta silencieusement une action pour faire tabasser un collègue journaliste enquêtant sur une escroquerie d'un de ses amis quand il avait le tendre âge irresponsable de 26 ans en 1990. Conformément à la Loi sociale de Gāo Qiú, son journal enquêta sur cette violation de l'éthique et lui donna une promotion, sans doute parce que le tabassage avait échoué.

Dans quel pays civilisé, pourrait-on se montrer aussi indulgent envers ces peccadilles de jeunesse ? Oh, ok, nous avons Devedjian, Balkany et tous les autres de Hautes-Seine, je n'ai rien dit.

On le lui rappelle dans ce jeu télévisé de Have I Got News for You d'Angus Deayton et Boris le Bouffon s'en sort par une pirouette assez étonnante dans son culot.



Cet article le présente avant tout comme un signe de la société de classe britannique où on montre de la complaisance pour les excentricités du fils à papa capricieux et privilégié. Boris Johnson joue en effet bien le rôle de héritier de haute bourgeoisie dégénérée d'un Hellfire Club (ici, le Bullingdon Club où il fréquentait Charles Spencer, le frère de Diana, et David Cameron, l'actuel leader du Parti tory) qui dévaste les bars (le Bullingdon Club apparaît comme le Bollinger Club dans Decline and Fall, 1928 d'Evelyn Waugh).

Un de ses côtés encore moins pardonnables est qu'il rend tout de suite plus antipathiques tous les Bertie Wooster et leur Drones Club : il gâche toute la satire wodehousienne sur les riches oisifs en l'incarnant hélas trop bien. Il y a des figures qui devraient veiller à demeurer sous les discrets attraits de la fiction.

On ne cesse de parler de la Bobo-ification des grands centres urbains mais la réaction a déjà commencé avec des néo-fascistes à visage plus médiatique contre le "multiculturalisme" et l'immigration, qui était l'un des chevaux de bataille de Boris Johnson.

Cependant, ce qui peut fortement corriger ce résumé binaire est l'échec relatif du British National Party, dont on prévoyait un essor plus important. Richard Barnbrook, le candidat du BNP à Londres, a gagné un seul siège pour lui au Conseil municipal, mais c'est une première avec 2,84% des voix, soit à peu près le même score qu'aux précédentes élections de 2004. C'est près de soixante-dix mille voix et il est cinquième derrière les Conservateurs (42%), les Travaillistes (36%), les Libéraux-démocrates (10%) et les Verts (3,15%). Les Conservateurs risquent de devenir encore plus des populistes xénophobes mais le vrai parti d'extrême-droite n'a toujours pas de vraie montée en Angleterre contrairement à beaucoup de pays du Continent.

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