dimanche 25 mai 2008

We can't die with it



J'ai enfin essayé avec 4 ans de retard la série House, M.D. et je suis un peu ambivalent.



D'un côté, j'aime beaucoup les héros quasi-omniscients comme Sherlock Holmes, l'humour sarcastique acide est très agréable, Hugh Laurie est génial, les histoires sont bien écrites, il y a une vraie atmosphère (en partie grâce à la musique de Massive Attack) ; c'est tourné au Frist Center où je passais beaucoup de temps pendant mon séjour aux Etats-Unis, (Oxford comma) et enfin c'est une excellente dramatisation de problèmes d'épistémologie sur l'hypothético-déductif et la méthode scientifique (le 3e épisode, Occam's Razor, est consacré à la question des différents paramètres de la notion de "simplicité" dans une explication scientifique). J'ai l'impression que la série est plus pédagogique sur ces questions générales d'épistémologie que sur le contenu biologique qui demeure souvent hermétique.

De l'autre, les histoires (du moins pendant la première saison) se ressemblent énormément à la minute près (quelqu'un tombe malade, on convainc House de s'en occuper, l'entourage du patient fait un mensonge, House propose une explication, l'explication ne marche pas et aggrave l'état, House humilie ses collègues et trouve la solution à cause d'un détail dans la clinique) ; je me fiche à chaque fois de la résolution du problème médical et je ne fais qu'attendre les scènes de gags avec House face aux patients ; et enfin, il y a un côté hypocondriaque qui me gêne beaucoup (et qui fait que je ne peux suivre aucune fiction médicale quelle qu'elle soit), les patients attrappant souvent leurs maux rares dans une pratique qu'on n'imaginerait pas vraiment risquée (manger du jambon dans le premier épisode).

Le personnage du Misanthrope-qui-cache-un-coeur-d'or est un cliché (il paraît qu'il devient ensuite un vrai Dr. Jerk) mais j'aime beaucoup la réactualisation de la sémiologie holmesienne en un génie médical cynique et athée. Et dans le genre du discours bio-éthique j'aime beaucoup ses théories philosophiques comme ce dialogue du premier épisode contre une rhétorique de l'euthanasie :


Rebecca Adler: I just want to die with a little dignity.

Dr. House: There's no such thing! Our bodies break down, sometimes when we're 90, sometimes before we're even born, but it always happens and there's never any dignity in it. I don't care if you can walk, see, wipe your own ass. It's always ugly - always! We can live with dignity - we can't die with it.


Add. Je conseille ce très chouette blog sur House où l'auteur médecin départage les histoires selon leur degré de fiabilité médicale. Par exemple, il ne croit pas tellement au diagnostic sur le thé dans 1x5 (l'épisode avec la Nonne) et il est surpris que House puisse autopsier si facilement le bébé dans l'épisode 1x4 à la Semmelweis sur l'épidémie nosocomiale.

Un aspect intéressant de House par rapport à Sherlock Holmes est que House admet (parfois) sa faillibilité et pratique vraiment une méthode scientifique de conjectures et réfutations alors que Holmes n'est qu'une fiction absurde où ses "raisonnements abductifs" sont souvent mal appuyés sur les faits. Une autre différence bien sûr est que Holmes cherche à résoudre un problème de droit (trouver le coupable du meurtre) alors que le but est plus intéressant chez House où il faut arrêter le meurtrier avant qu'il n'arrive à ses fins.

Une autre différence est que Gregory House, malgré toute sa condescendance, est en fait un enseignant socratique. Il se soucie vraiment de faire progresser les jeunes assistants par ses questions de "Diagnostic différentiel" alors que Holmes préfère révéler sa solution en ménageant un effet de surprise.

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