Trakl a 27 ans quand il est envoyé comme seul officier médical pour s'occuper d'une centaine de soldats austro-hongrois blessés à Gródek, en Podlachie. Il tente de se suicider et meurt le 3 novembre 1914 d'une overdose de cocaïne. Le poème est daté de septembre.
Am Abend tönen die herbstlichen Wälder
Von tödlichen Waffen, die goldenen Ebenen
Und blauen Seen, darüber die Sonne
Düstrer hinrollt; umfängt die Nacht
Sterbende Krieger, die wilde Klage
Ihrer zerbrochenen Münder.
Doch stille sammelt im Weidengrund
Rotes Gewölk, darin ein zürnender Gott wohnt,
Das vergossene Blut sich, mondne Kühle;
Alle Straβen münden in schwarze Verwesung.
Unter goldnem Gezweig der Nacht und Sternen
Es schwankt der Schwester Schatten durch den schweigenden Hain,
Zu grüβen die Geister der Helden, die blutenden Häupter;
Und leise tönen im Rohr die dunklen Flöten des Herbstes.
O stolzere Trauer! Ihr ehernen Altäre,
Die heiβe Flamme des Geistes nährt heute ein gewaltiger Schmerz,
Die ungeborenen Enkel.
Vers le soir, les forêts d'automne retentissent
des armes de la mort, les plaines dorées,
les lacs bleus et par-dessus le soleil
encore plus sombre roule ; la nuit enserre
des guerriers mourants, la lamentation sauvage
de leurs bouches en éclat.
Mais en silence s'amoncelle au fond du pâturage
nuée rouge, là vit un dieu coléreux,
le sang est vidé, froid de lune
Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire
Sous les rameaux d'or de la nuit et des étoiles,
Vacille l'ombre de la soeur au travers du bois muet
Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang
Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes
obscures de l'automne
Ô deuil plus fier autel d'airain
La flamme chaude de l'esprit nourrit aujourd'hui
une douleur violente,
Les descendants qui ne verront pas le jour.
(traduction Jacques Legrand)
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