jeudi 1 janvier 2009

Voeux de Badinguet



(La Tour Eiffel scintille et les Rois-Mages européens se prosternent devant le Président, qui parle devant une bibliothèque où tous les exemplaires de Mme de La Fayette ont été remplacés par des volumes brochés de Voici)

Mes chers compatriotes,

L’année 2008 s’achève. Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai joui sans entrave. J'ai sauvé la planète et il est donc logique que je dirige l'Eurogroupe, qui, sinon, serait contrôlé par un Liechtensteinien ou je ne sais quoi qui n'est pas dans la zone Euro.

Je veux penser d’abord à ceux qui ont perdu leur emploi sans y être pour quoi que ce soit, comme tous ces amis financiers, je pense à ceux qui doivent affronter l’abscence d’un être cher. Si tu reviens, j'annule tout.

Pour tous les Français, cette année a été difficile, même si je viens de m'attribuer une nouvelle hausse de 9 millions pour l'Elysée en ne la publiant que dans la version en-ligne du Journal officiel.

Face à cette crise je mesure la responsabilité qui est la mienne. Cette responsabilité je l’assumerai pour que MM. Balkany et Marchiani soient protégés par l’Etat.

Depuis que les difficultés sont apparues, je vous ai toujours dit la vérité. Avant, je mentais comme un arracheur de dents, mais c'était mon devoir.

Le pire aurait été que, dans cette situation, chaque pays décide sans se préoccuper des autres. J'ai donc agi uniquement selon les intérêts de Neuilly.

J’ai promis que le Principe de Causalité ne s'appliquerait plus. La France a exigé des changements pour moraliser le capitalisme, promouvoir M. Bouygues contre M. Mittal. Nous obtiendrons des résultats lors du prochain sommet de Londres le 1er avril. Non, je plaisante.

Dans une période de crise comme le monde n’en avait pas connu depuis bien longtemps, j’ai essayé de changer l’Europe. J'ai décidé qu'elle serait désormais sous les Tropiques et qu'il n'y aurait plus de rotation des Présidents de l'Union dès que c'est mon tour.

Les difficultés qui nous attendent en 2009 seront titanesques. J’en suis pleinement conscient. Je suis plus décidé que jamais à agiter des formules creuses, avec l’obsession d’obtenir des passages au journal de 20h.

Nous serons pragmatiques, attentistes, réactionnaires et s’il faut faire davantage, nous le ferons mais nous ferons aussi le contraire et simultanément.

Pour nous en sortir, chacun devra faire des efforts. Il va peut-être falloir que vous commenciez à vous lever un peu tôt et que j'arrive enfin à trouver des boutiques ouvertes des deux côtés des Champs-Elysées le dimanche. Car de cette crise va naître un monde nouveau auquel nous devons nous préparer en travaillant plus mais en gagnant moins, en poursuivant des réformes indispensables comme la mise sous contrôle des chaînes publiques.

Durant l’année 2009, nous détruirons l’hôpital public. De toute façon, je n'y vais jamais.

Je pense aussi à la réforme du lycée qui est nécessaire pour économiser un peu d'argent. Mais je vais l'enterrer comme ce n'est pas ma priorité et que je peux supprimer les postes même sans réforme.

Je pense enfin à la réforme de notre procédure pénale si importante pour mieux protéger M. Marchiani.

Mes chers compatriotes, toutes ces réformes, je les mènerai avec le Premier ministre Machin Truc et les autres carpettes, non par esprit de système mais parce qu’elles sont la condition qui permettra à la France de devenir une oligarchie du Tiers-monde. Ainsi, nous préserverons les valeurs qui font notre spécificité : l'exploitation, la laïcité (non sérieusement, arrêtez de rire) et la solidarité gouvernementale (comme celle, indéfectible, que je montrais pour le Gouvernement Villepin quand j'appelais les manifestations étudiantes contre le CPE). Compris, la Yade ? Prends exemple sur Bertrand.

Enfin, la France continuera d’agir en Afrique (pour soutenir la dictature d'Abdoulaye Wade au Sénégal), en Asie (contre la clique du Dalaï-Lama), et bien sûr au Moyen Orient où je me rendrai dès lundi parce que c’est la vocation de la France de se montrer à la télé avant qu'Obama ne se tire tout le temps la couverture à lui.

Mes chers Compatriotes,

La crise nous donne enfin des prétextes pour détourner l'attention et faire croire que les lois sur les heures supplémentaires n'ont pas été la cause de certaines destructions d'emploi. La crise est une opportunité comme me dit en chinois mon ami Hu Jintao. Ne vous en faites pas, certains s'en sortiront trèèès bien.

Vive le Quatrième Empire,
Et vive la France, et sa femme qui est mannequin.

site l'an dernier

4 commentaires:

Hady Ba a dit…

"Enfin, la France continuera d’agir en Afrique (pour soutenir la dictature de Wade au Sénégal)"

Hey mais attendez, le Sénégal n'est pas ENCORE une dictature: juste une ploutocratie avancée sur laquelle M. Sarkozy prend exemple dans son entreprise de transformation d'un pays presque démocratique en monarchie ploutocratique!

Sérieusement, le parrallèle entre Sarkozy et Wade est absolument fascinant: deux des premières actions de Wade avaient été d'aller hypocritement s'agenouiller devant un chef religieux et de commenter une décision de la Cour Suprême (je ne me souviens plus laquelle) pour dire que les juges étaient nuls et avaient mal dit le droit, toutes choses que Sarko a faites et là Wade envisage sérieusement de nous laisser en héritage à son fils. En plus Wade et Sarko sont tous deux des avocats d'affaire, qui adorent la télé, les voyages et réfléchissent en termes de "coups".

Bonne année et suivez attentivement la situation du Sénégal, j'ai l'impression que ça donnera une idée de l'évolution future de la France

Phersv a dit…

Oui, je pensais en effet aux analogies bonapartistes entre les princes héritiers Jean S. et Karim W. (cela a même été admis publiquement). Mais l'analogie sur la contestation du pouvoir des juges est frappante (on retrouve la même chose avec Berlusconi).

Abdoulaye Wade avait gagné démocratiquement en 2000 (ce fut même un progrès démocratique indéniable que cette alternance après tant d'années) et je pense que même en 2007 son score impressionnant (55% dès le premier tour face à 14 concurrents !) doit représenter quelque chose. Mais la dérive autoritaire et le pillage du pays est préoccupant et triste (même s'il reste de nombreux corps intermédiaires, des syndicats et une opposition).

Le plus étrange est que Sarkozy nomme Jean-Christophe Rufin ambassadeur à Dakar et qu'ensuite Rufin se plaint que les contacts personnels entre Sarkozy et Wade l'emportent sur toute autre procédure.

Hady Ba a dit…

J'ai l'impression que l'élection de 2007 était transparente. Des amis qui bossent dans l'administration et auraient été au courant s'il y avait eu triche n'ont rien vu et pensant que le peuple n'est pas assez stupide pour avoir réélu Wade se disent que Wade a du tricher mais d'une manière tellement subtile que même eux n'ont pas compris comment il avait fait. Personnellement, je pense que les gens ont soit voté pour Wade soit se sont abstenus parce que ceux qu'il y avait en face semblaient encore moins crédible que lui.

Bizarrement, la seule chose qui me donne de l'espoir en ce moment, c'est que le pillage a été tellement systématique qu'une révolte populaire est inéluctable. Ca a d'ailleurs commencé avec des révoltes spontanées dans différents endroits du pays.

Je ne comprends pas les relations Wade/Sarkozy: jusque très récemment Sarkozy détestait Wade Jr qui avait recruté Richard Attias pour l'organisation du sommet de l'OCI et avait poussé l'outrecuidance jusqu'à assister au remariage de Cécilia. Mais là ils viennent apparemment de se réconcilier ce qui me parait dangereux pour le Sénégal.

Anonyme a dit…
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