mardi 31 mars 2009

Elections en Turquie



Le Parti AK (ce qui veut dire à la fois "Blanc" et est l'acronyme pour Adalet ve Kalkınma, "Justice et Développement", parti conservateur, libéral en économie et hostile à la laïcité) est au pouvoir depuis maintenant plus de six ans, depuis sa victoire aux législatives de 2002 (34%). L'AKP l'a largement emporté il y a deux an avec 46,6% des voix.



Comme on le voit, l'AKP (en bleu clair) est largement implanté et il ne reste plus guère à l'opposition que quelques zones principales.

Le CHP (Parti républicain, la gauche kémaliste, en bleu foncé) avait encore en 2007 les districts européens de la région de Marmara (Edirne) et la côté ionienne de la Mer Egée (Izmir, Muğla).

Le MHP d'extrême droite (14%, en vert) est aussi hostile à la politique d'ouverture de l'AKP aux Kurdes et est implanté au sud-est, à Mersin et Osmaniye.

Le DEHAP kurde malgré ses très bons scores à l'est de l'Anatolie (en rouge) n'avait pas atteint le seuil des 10% au niveau national : ils ont depuis fusionné et formé le DTP.

Le Parti musulman conservateur avait émergé en partie par le pouvoir local et il avait eu un bon score aux dernières municipales : Istanbul comme Ankara sont leur fief depuis 1994. Les élections locales du dimanche 29 mars étaient donc en partie un test pour le Premier ministre islamiste-démocrate Recep Tayyip Erdoğan.

L'AKP décline légèrement à 39% (7 points de moins qu'en 2007) mais cela le laisse à égalité avec le score additionné des deux principaux partis d'opposition de la gauche CHP et de l'extrême droite MHP.

Un des "avantages" de l'Opposition est que le plus puissant magnat de la presse Aydın Doğan, le Murdoch turc, propriétaire des plus grands journaux comme Hürriyet, est en général hostile à ce Parti conservateur qui avait essayé de briser son quasi-monopole. (Les principaux journaux prochés des Islamistes sont Zaman et Yeni Şafak.)

[Pour un équivalent à l'ouest, il faudrait donc imaginer que Lagardère lutte contre un Parti de Boutin/De Villiers au pouvoir. En passant, le souverainiste De Villiers et son MPF ont rejoint le réseau Libertas du millionnaire irlandais Declan Ganley pour les Européennes. Or Libertas est certes anti-européen et ultra-libéral mais favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union, peut-être par Atlantisme ou pour mieux affaiblir l'Union. ]

La carte de Wikipedia est un peu plus bariolée qu'aux seuils des législatives avec une remontée de ces divers partis d'opposition, à la fois la gauche laïque du CHP (allié au DSP socialiste), l'extrême droite turque du MHP et les Kurdes nationalistes du DTP.



Comme le dit Mithridate, l'AKP a perdu 16 provinces : Manisa, Balıkesir, Isparta, Uşak, Aydın, Adana et Osmaniye au MHP, Tekirdağ, Aydın, Antalya, Giresun et Zonguldak au CHP, Van et Siirt au DTP kurde, Sivas au BBP (extrême droite), et Yalova au DP (rival centre-droit de l'AKP).

Selon Reuters, ce score ne devrait pas gêner l'AKP avant les élections générales de 2011.

La gauche du Parti républicain remonte à 23% (ce qui le laisse quand même à 15 points derrière l'AKP). Le CHP a même failli reprendre Istanbul à 38% contre 44%. Mais ce n'est pas encore assez pour pouvoir remettre en cause l'AKP sauf si on imaginait une alliance durable de la gauche laïque et de l'extrême droite nationaliste, compromis possible dans la tradition militariste des officiers kémalistes mais dont on peut se dire qu'elle ne grandirait pas l'opposition laïque.

2 commentaires:

coulmont a dit…

rien à voir, mais assez phersuesque
http://9a4440c5.fb.joyent.us/haggadah/ultraModern2.php

Phersv a dit…

J'aime bien le Pharaon qui fait le quizz "Quel Dieu êtes-vous ?".