Moi.
Hé, j'ai attendu au moins la séance du mercredi, hein.
flûte, je suis vraiment un fanboy de base.
Add.
Ca mérite quand même un peu plus.
Attention, ça va être SPOILERville.
Je vais présupposer que vous savez déjà ce qu'est la bd - si ce n'est pas le cas, tapez sur Back, vite - et que vous savez que le réalisateur Zack Snyder n'a pas une excellente réputation, on ne va pas épiloguer sur le côté kitsch de ses films précédents.
J'ai été très agréablement surpris par la fin, que je trouve même finalement meilleure que celle de la bd, avec une meilleure unité thématique. Et je n'avais pas pensé au fait que New York ne serait sans doute pas suffisante pour avoir la paix (Moscou et d'autres villes sont visées aussi). Le Plan reste trop peu crédible mais quand même un peu moins.
J'ai lu des critiques dire que la phrase de Daniel avant la "chute" ("Nous serons en paix tant qu'ils continueront à croire que Dr Manhattan nous surveille") est une faute et une inversion de la conclusion. La phrase de Daniel est bien sûr une illusion réconfortante, et on sait bien que c'est faux mais cela me paraît cohérent avec sa tentative d'accepter le compromis. En revanche, je trouve qu'ils n'ont pas été assez lourds avec la maxime de Juvénal, qu'on remarque à peine en arrière-fond.
Un des grands changements que je trouve une bonne idée est d'avoir insisté sur la dimension politique avec toutes les scènes avec Richard Nixon et Kissinger inspirées du Docteur Folamour. Ils ont réussi à caser quelques allusions à la Doctrine Bush d'attaque préemptive mais le frisson oublié de la Guerre froide est bien reconstitué : on ne peut craindre le terrorisme, l'anthrax ou le SRAS comme on craignait l'apocalypse nucléaire en 1962 (même si curieusement, la fameuse Horloge de l'Apocalypse est plus proche de Minuit qu'en 1962 !). En revanche, ils auraient pu garder Robert Redford à la place de Ronald Reagan à la fin, surtout qu'on sait bien que Redford est un des modèles physiques d'Adrian Veidt).
Les musiques des années 60-70 ont déplu aux critiques qui les ont trouvées trop faciles, un cliché pour représenter le passage du temps et le passage de générations. Au contraire, j'ai trouvé que cela concentrait bien l'un des aspects négligés : on accuse toujours Watchmen d'être d'extrême droite alors qu'il s'agit d'une bd de hippies, faite par un hippie, et c'est tout le sens de ce Smiley et de toutes ces citations de Bob Dylan. First We Take Manhattan de Leonard Cohen s'adapte parfaitement à la fin.
La plupart des personnages sont incroyablement réussis et je crois même que Silk Spectre II (Laurie Jupiter) a enfin gagné un peu plus d'épaisseur que dans la bd (qui me paraît finalement décevante dans sa misogynie). Je crois que les personnes qui ne sont pas fans de sf resteront insensibles au vertige du dialogue métaphysique sur la Singularité du vivant sur Mars mais je l'ai trouvé très émouvant - même si le palais de cristal du Docteur Manhattan paraît trop gratuit en 3D.
Le personnage le plus difficile est Adrian. Il faut à la fois montrer son génie arrogant, son extérieur autiste et posé et son tempérament finalement un peu immature, enfantin (c'est la fin du monde et il se soucie du licensing de jouets à son effigie ou de se créer un lynx mutant, Bubastis, comme seul compagne). Il devrait être plus séduisant et moins inquiétant dès le départ, paraître plus inoffensif et plus neutre, alors qu'on préfigure trop vite qu'il y a quelque chose. Le choix de l'acteur britannique Matthew Goode me paraît un peu excessif dans l'androgynie à la glamrock de David Bowie - je le voyais plus dans une assexualité immature que dans ce côté efféminé. Il doit être théâtral et il y a vraiment quelque chose de ridicule dans son intelligence supérieure qui s'enferme ainsi dans un calcul aussi improbable, mais il pourrait quand même être un peu plus impressionnant. Je regrette qu'ils n'aient pas plus expliqué l'allusion au Noeud Gordien qui est une de mes cases favorites sur le drame de l'intellectuel dans le monde de l'action politique : Ozymandias est un vrai idéaliste (on précise bien qu'il est pacifiste et végétarien) qui va passer dans le calcul utilitariste par crainte que son intellectualisme soit trop coupé des compromis avec le réel : un Aristote qui s'arrache à la vie théorétique (celle du Docteur Manhattan) pour entrer dans les passions d'Alexandre en croyant que c'est là une ruse de l'Histoire nécessaire pour arriver au stade cosmopolitique. Le fait que l'idéaliste aille plus loin dans le crime que le cynique est une métaphore politique triviale après le XXe siècle mais c'est ainsi que la bd a su critiquer de manière dialogique la moralité des superhéros. C'est le grand succès de cette fin où nul ne saurait dire si Ozymandias avait tort dans ses moyens et ses fins.
Le principal problème qui demeure pour moi est l'ultra-violence lourde. Au bout d'hectolitres de sang, de tripes et d'os brisés ou de membres retournés, je me lasse vraiment, je me sens rejeté de l'écran et toutes ces chorégraphies de films de Hong Kong m'ennuient.
Anthony Lane avait dit qu'il ne comprenait pas si le Docteur Manhattan était le seul avec des pouvoirs et j'avais pris cela pour un aveu qu'il n'avait rien compris (le thème essentiel étant que justement, seul Manhattan a des pouvoirs sur Terre). Mais après avoir vu le film, je comprends mieux sa perplexité. Les trucages de wire-fu et la force des personnages sont tellement exagérés qu'en réalité tous les Watchmen sont surhumains.
Des fans reprochent certains détails qui n'ont pas été repris. Je trouverais idiot pour un film de garder le Black Freighter ou les détails de la vie des Minutemen (comme le fait que le Comédien a par la suite assassiné le Black Hood qui l'avait battu lors du viol de Sally, si je me souviens bien). La mort de Nite Owl I est retirée mais j'imagine qu'elle sera dans la version longue car elle conforte bien la théorie erronée de Rorschach sur le Mask-Killer.
Il faudrait aussi un peu de préfiguration pour qu'on comprenne que le New Frontiersman est une petite revue d'extrême droite - ce qui rend l'idée qu'on le prenne au sérieux moins crédible.
Le seul défaut de ces retraits est que la destruction de New York est donc moins touchante sans des individus singuliers pour mieux concrétiser cette destruction.
Un dernier détail : à la fin du générique, il y a un message précisant que personne dans le film n'a reçu d'argent de l'industrie du tabac. Je présume que c'est à cause de toutes ces scènes où le Comédien - qui est quand même un sale type - fume un cigare. Mais le fait qu'un film juge indispensable de mettre cela au lieu de "aucun Bubastis mutant n'a été atomisé dans un cyclotron dans ce film" ne manque pas de piquant.
[Let’s Study] The Electric State the Roleplaying Game, Part 4c: Vehicles
and Gear
-
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me,...
Il y a 1 heure
9 commentaires:
De toute façon, de la dizaine de personnes dans ma séance de 10h25, je ne pense pas qu'il y en ait eu plus d'une ou deux qui n'appartenaient pas à cette catégorie
Il n'y avait pas grand monde à ma session à 9h30.
Je me demande sincèrement - contrairement à ce qu'avait dit Snyder - si un spectateur honnête qui n'a pas lu la bd peut comprendre quelque chose en fait. C'est vraiment peu accessible.
C'est vrai que ça fait vraiment très résumé de résumé, avec l'addition de scènes de violence gratuite à rallonge toutes les cinq minutes qui sont totalement absentes de la bd
Je ne suis pas trop sur de l'effet que le film peut faire sur un spectateur qui ne l'a pas lue : d'un coté il y a un effort pour faire didactique qui enlève de leur ambiguité (pourtant volontaire) à pas mal de choses, mais de l'autre j'imagine que ça doit parfois sembler un peu creux et bancal à quelqu'un qui n'a pas 20 pages de comics à mobiliser pour expliquer une scène de 15 secondes.
Je suis aussi réservé sur la place en effet plus intéressante qui est faite à Silk Spectre II. C'est peut-être ma paranoïa naturelle, ou le fait d'avoir vu pendant 2 mois dans le métro cette affiche du film où le posterieur de l'actrice est si élégamment mis en évidence, mais je ne suis pas tout à fait sur qu'on lui ait donné cette place dans le film pour les bonnes raisons.
Oui, les femmes restent des personnages simplistes dans Watchmen, toutes des "vamps" et femmes fatales (sauf l'ex de Jon Ostrander). C'est comme si la misogynie oedipienne de Rorschach contaminait un peu la narration. Ce n'est pas aussi poussé que dans Sin City de Miller (qui aurait l'excuse de reprendre des clichés du film noir) mais on n'est pas loin.
Laurie n'a pas vraiment de développement en dehors de sa réconciliation avec sa mère (je ne comprends pas bien l'intérêt de cette intrigue où Sally a été attirée par celui qui avait voulu abuser d'elle). Sally Jupiter est une caricature de diva sur le retour, Janey Slater est un simple instrument manipulé, Silhouette la vamp est assassinée dès le début.
Les points positifs du film sont pour moi :
- Un certain mauvais gout clairement assuré.
- Le traitement "film noir" assez réussi
- La fin qui s'inscrit parfaitement dans l'adaptation (abandon de l'extra terrestre de la BD).
Les points négatifs :
- L'ultra violence.
- Le ratage de la partie Dr Manhattan. Snyder n'arrive pas à rendre compte de la simultanéité de la perception de Manhattan à laquelle fait écho Veidt devant son mur d'écran.
- Le recours abusif au ralenti.
En conclusion B-
P/Z
Je suis d'accord. Il a essayé pour Manhattan, mais dans un film, cela ne devient qu'un suite de flash-backs de plus au lieu d'être la superposition simultanée des périodes. Les scènes où Veidt regarde toutes les chaînes manquent un peu (sauf à la fin, à Karnak : il a d'ailleurs inséré le film 300 Spartans, qui inspira chez Miller son 300), et il aurait peut-être pu jouer sur plusieurs écrans pour montrer la conscience atemporelle de Manhattan.
Karnak-sur-l'Antarctique était la Forteresse de Solitude de Superman mais là, elle fait un peu repaire de supervilain ridicule dans la série télé Batman des années 60, dommage.
Pas tout à fait dans la même optique, je crois me souvenir qu'il y avait une bonne utilisation du split-screen dans le Hulk de Ang Lee. On peut également penser à la scène de la gare dans le dernier Bourne de Greengrass.
Snyder reste un cinéaste assez bourrin (mais il l'assume).
P/Z
Comme d'autres, j'ai trouvé rapidement lassant les tics du realisateur, notamment l'abus de ralentis et de violence gratuite.
Pourtant, je trouve que la scène où Rorschach tue le meurtrier de la petite fillete montre bien la frontière très ténue qui sépare Roschach de ceux qu'il pourchasse: difficile de dire qui est le plus cruel entre le superhéros et sa victime...
Malheureusement, l'impact de cette scène est amoindri, à mon sens du moins, par le pullulement d'effets gores à visée "esthétique". Si encore ces effets servaient à souligner la sale besogne abattue par les prétendues super-héros,et à mettre en relief leur vulnérabilité... Hélas, les héros ne cillent même pas devant les atrocités qu'ils commettent; si l'on peut comprendre une telle attitude de la part de Rorscharch ou du Comédien, j'ai plus de mal à trouver crédible cette indifférence chez Hibou, par exemple. Ce dernier a beau jeu de demander à Rorscharch "d'adoucir" ses interrogatoires, alors qu'il a massacré sans ciller une bande de punks!
C'est ce mélange de violence récréative et de violence "didactique" ( dans le sens où elle sert à comprendre la psychologie d'un personnage)
qui m'a vraiment déplu dans le film.
Aucun rapport, mais y a quelque chose que je n'ai pas compris dans le film: l'équilibre de la terreur entre russes et américains semble reposer en partie sur le fait que le Docteur Manhattan pourrait ne pas intercepter tous les ogives nucléaires lançées par les russes.
Or, le Docteur Manhattan est apparemment capable de produire à l'infini des clones de lui-même et de les téléporter en même temps: qu'est ce qui l'empêche de détruire simultanément toutes les ogives nucléaires russes?
> P/Z
Un film drôle dans l'utilisation du split-screen était Time Code de Mike Figgis où quatre écrans suivaient quatre angles en simultané (filmés sans coupure).
> Arasmo
Tout à fait d'accord, l'ultra-violence gore est un des gros problèmes du film (avec certains choix lourds dans la musique et le fait que le Vilain est trop clairement indiqué dès sa première apparition).
Snyder a suivi sa pente d'esthétisation de la violence, ce qui rend le film parfois un peu fascisant - quand je l'ai vu, des spectateurs semblaient vraiment admirer Rorschach, en ratant complètement qu'il est un dingue et un hypocrite (malgré son apparence "d'intégrité" dans son choix final).
Je ne crois pas que le Dr Manhattan puisse se multiplier à l'infini. Il vient à peine de développer ce talent de bi-location. J'imagine que Veidt a raison quand il dit que Manhattan pourrait seulement arrêter 99% des ogives et pas 100% (ce qui était d'ailleurs aussi un argument contre la Strategic Defense Initiative reaganienne qui est ainsi parodiée comme un risque dans l'équilibre de la Terreur et la Mutual Assured Destruction).
Mais on peut se demander parfois si Veidt ne minimise pas Manhattan par jalousie et narcissisme mégalomane. Veidt, The Smartest Man on Earth, serait l'Homme parfait par son propre mérite si l'accident n'avait pas rendu Osterman infiniment supérieur.
Dr Manhattan est en train de devenir un dieu mais il en est encore très loin si la machine à tachyons réussit à bloquer toute son omniscience et s'il a encore besoin de dialoguer avec Laurie pour être convaincu de la valeur de la vie humaine (scène qui me fait penser au mystère dans la Genèse où Dieu a besoin que Moïse lui explique qu'il y a peut-être des Justes à Sodome et Gomorrhe).
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